Deux grands techniciens très inquiets José Mourinho et Arsène Wenger, deux des entraîneurs les plus cotés de la planète football, traversent à distance mais au même moment une zone de turbulences dans leurs clubs respectifs, le Real Madrid et Arsenal. Fait rarissime dans leur carrière, le Portugais et le Français ont essuyé des sifflets à domicile dimanche, contre l'Athletic Bilbao pour le Real, pourtant vainqueur 4 à 1, et face à Manchester United pour Arsenal, battu 2-1. «C'est vrai, c'est la première fois que cela se produit pour moi à Bernabeu», a réagi Mourinho en conférence de presse. «Mais je n'ai aucun problème avec cela. Zidane a été sifflé ici, Ronaldo a été sifflé ici, Cristiano Ronaldo a été sifflé ici. Qui suis-je pour ne pas être sifflé aussi ici?» Plus gênant pour l'entraîneur-star, son accrochage vendredi avec les cadres Iker Casillas, le gardien, et Sergio Ramos, le défenseur, tous deux champions du monde, qui ont osé s'opposer à lui verbalement à l'entraînement. Deux jours après la nouvelle défaite à domicile contre l'ennemi juré, le FC Barcelone (1-2), mercredi dernier en quart de finale aller de la Coupe du Roi, l'incident, rapporté par le journal Marca fait désordre. D'autant que le parcours sportif du Real est des plus satisfaisants: en tête de la Liga avec cinq points d'avance sur le Barça, et qualifié pour les 8e de finale de la Ligue des cham-pions. «Vous m'avez tué en zone mixte», aurait dit Mourinho à Sergio Ramos. «Evidemment, comme vous les Espagnols avez été champions du monde et que vos amis de la presse vous protègent...», sont quelques-uns des propos de Mourinho rapportés par Marca. «Mou» aurait aussi reproché au défenseur central Sergio Ramos de ne pas avoir été au marquage de Puyol sur le corner qui amène l'égalisation des Catalans en Coupe du Roi. Selon Marca, Mourinho et Ramos auraient eu un vif échange: «Ramos: Nous avions décidé d'échanger le marquage (avec Pepe, autre défenseur) Mourinho: Alors maintenant, tu joues à l'entraîneur? Ramos: Non, mais en fonction de la situation du match, il faut parfois changer de marquage. Mais comme vous n'avez jamais été joueur, vous ne pouvez pas savoir que ce genre de situation se présente parfois.» A Londres pas d'accrochage avec des joueurs pour Arsène Wenger, mais un fossé de plus en plus grand entre lui, la presse et les supporteurs. Le technicien français est jugé responsable de la défaite à domicile contre Manchester United pour avoir remplacé Alex Oxlade-Chamberlain par Andreï Arshavin à la 74e minute. Le jeune Anglais de 18 ans avait été l'un des meilleurs «Gunners» du match, alors que le Russe, décevant depuis des mois, a été incapable de bloquer Valencia sur l'action qui a amené le but victorieux de Welbeck pour Manchester United à neuf minutes de la fin. A la fin du match, Wenger, en poste depuis 1996, est rentré aux vestiaires sous les cris de «Tu as tout foutu en l'air» ou encore «Tu ne sais pas ce que tu fais.» De nombreux journaux insistaient sur son erreur lundi matin. Le Français n'a pas voulu faire son mea culpa, affirmant qu'il avait «fait 50.000 changements en trente ans de carrière» et qu'il n'avait «pas à justifier chacun d'eux devant la presse». Après cette défaite, la troisième d'affilée, Arsenal est distancé de cinq points par Chelsea dans la course à la quatrième place qualificative pour la Ligue des champions.