«Nous allons annoncer notre plan d'action en fonction des développements sur ce dossier», a prévenu M.Erdogan, affirmant que la «Turquie est encore dans une période de patience». Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié de «raciste» hier le texte de loi adopté la veille par le Sénat français pénalisant la négation du génocide arménien, sans cependant annoncer de riposte concrète dans l'attente de sa promulgation par Nicolas Sarkozy. «La proposition (de loi) adoptée en France est ouvertement discriminatoire et raciste», a-t-il dit au Parlement devant ses députés du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste). M.Erdogan a affirmé que cette loi est «entièrement nulle et non avenue» pour la Turquie et assuré que son pays imposera «étape par étape» les sanctions qu'elle a prévues contre la France, «sans nulle façon de faire marche arrière». «Nous allons annoncer notre plan d'action en fonction des développements sur ce dossier», a-t-il prévenu, affirmant que la «Turquie est encore dans une période de patience». Le président français, qui a voulu ce texte de loi, provoquant une grave crise entre Ankara et Paris, a en principe 15 jours pour le promulguer. M.Erdogan a utilisé un ton plus modéré qu'attendu dans son discours et émis l'espoir que la France «réparera son erreur», s'en prenant surtout aux ambitions de Nicolas Sarkozy à l'orée des présidentielles de mai pour séduire l'électorat d'origine arménienne, et non à la France en général, alliée d'Ankara au sein de l'Otan et partenaire stratégique commercial et politique. Il a ainsi précisé que son gouvernement s'efforçait d'obtenir que des sénateurs français saisissent le Conseil constitutionnel pour obtenir l'annulation du texte de loi. Pour l'instant, l'ambassadeur de Turquie restera à son poste à Paris mais Ankara, qui l'avait brièvement rappelé après un premier vote des députés français, le 22 décembre, envisage cette fois de le rappeler sine die et de réduire son niveau de représentation en France lorsque le texte prendra force de loi, souligne-t-on de source informée. Le vote à l'Assemblée nationale française avait suscité l'ire de M. Erdogan qui avait annoncé le gel de la coopération politique et militaire avec la France, avertissant d'un deuxième train de représailles. Les réactions ont fusé en Turquie, face au vote des sénateurs français. Après le ministre turc de la Justice, Sadullah Ergin, qui a dénoncé «un manque total de respect pour la Turquie», le ministère des Affaires étrangères a «condamné fermement» dans la nuit de lundi à mardi un «acte irresponsable» de la part de la France.