Les conflits dans les établissements éclatent de nouveau. De malaise en malaise, le secteur de l'éducation de Béjaïa n'est apparemment pas près de sortir du marasme dans lequel il gisait depuis plusieurs années. L'incompétence avérée des responsables successifs, caractérisée essentiellement par une gestion hasardeuse et éternellement provisoire n'a pas cessé de creuser entre la masse travailleuse et la tutelle à tel enseigne que chaque année que Dieu fait, les mêmes problèmes resurgissent comme s'ils n'avaient jamais eu de solutions. Cette année encore, on assiste à une sorte de recommencement. Les mêmes problèmes posés l'an passé et appuyés par des débrayages successifs refont surface. Des travailleurs sont restés sans salaire depuis plus de 4 mois, les contractuels ont gardé le même statut inconfortable. Les conflits dans les établissements éclatent de nouveau. A noter que dans certains établissements, la rentrée n'a pas eu lieu encore. A cela, s'ajoute les luttes intestines qui minent à présent la structure syndicale la plus représentative jusque-là. Cette division, désormais consommée, n'est franchement pas de nature à susciter un quelconque espoir chez les travailleurs. Le Sete, le Cnapest, le collectif contre la dilapidation... autant de structures qui s'entre-accusent dans un monde déjà «pourri». Pour le travailleur qui n'aspire qu'à la dignité, la fin de la cohésion syndicale arrive tel un couperet ne laissant pas un brin d'espoir de voir sa situation connaître une amélioration. «Quand on était tous unis, on avait du mal à avancer maintenant qu'on est divisé, on peut dire adieu à tout», se désole cette enseignante dont l'établissement est en effervescence à cause des problèmes existants et les tendances d'affiliation syndicale qui s'affrontent. «Au lieu de s'occuper de l'essentiel, on se retrouve à se chamailler entre nous», poursuit-elle sur air désabusé. Et comme pour mieux illustrer la situation désastreuse de son établissement, elle ajoute: «Avant, on était assez soudés pour affronter la situation et nos problèmes trouvaient solutions rapidement mais pour cette année, je pense qu'on est très mal partis.» Dans les écoles, les collèges et les lycées les conflits entre, d'une part, les responsables et, d'autre part, les travailleurs et les parents sont légion. Lorsque ce n'est pas un problème de moyens pédagogiques qui se pose, c'est celui des relations humaines qui reste le plus répandu. Certains directeurs se font «barons» tandis que d'autres s'illustrent par leur négligence et leur incompétence. «C'est à croire qu'il n'y a que les médiocres qui sont promus», regrette un autre enseignant d'Adekar dont l'expérience dépasse les 25 années de service. Dans les établissements scolaires à Béjaïa, ce ne sont en tous cas pas les sujets de mécontentement qui font défaut tant le secteur vit dans un profond malaise. Depuis le début de l'année scolaire, soit une vingtaine de jours, le spectacle des manifestations est pratiquement quotidien ; la direction de la tutelle est soumise continuellement à une pression au point de douter même si réellement il existe des responsables à même de recueillir les doléances de tout ce monde qui s'agite à longueur de journée devant le portail. La fronde est, en fait, permanente et paraît comme intégrée dans les moeurs de ce secteur à Béjaïa, mais le plus désolant est l'absence de l'association des parents d'élève qui a cette fâcheuse habitude de n'intervenir que lorsqu'il est pratiquement trop tard. Dans toute cette fâcheuse situation, l'élève reste l'unique perdant. Si jusqu'à l'année dernière, la protestation des travailleurs était menée de façon consensuelle, il est fort à craindre le pire pour cette année du fait de la lutte intestine ayant vu le jour depuis quelques mois. Le scandale, vrai ou fomenté, qui éclabousse l'unique structure syndicale ayant régné sur le secteur des années durant a donné un sacré coup au moral des travailleurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. La persistance de ces déchirements ajoutée aux innombrables insuffisances va se retourner à coup sûr sur les valeurs mêmes de l'école. Des réformes introduites cette année, qui restent pour le moins incompréhensibles pour l'enseignant surtout lorsqu'il n'a bénéficié d'aucune préparation au préalable. Les préoccupations des enseignants semblent être ailleurs, serions-nous tentés de conclure.