Trois sénateurs américains ont mis en garde l'Egypte mardi à propos des poursuites engagées contre des responsables associatifs étrangers, dont 19 Américains, avertissant que le risque d'une rupture «catastrophique» entre les deux pays avait rarement été aussi grand. «La crise actuelle avec le gouvernement égyptien a atteint un tel niveau qu'elle menace désormais notre amitié de longue date», ont affirmé dans un communiqué les sénateurs républicains John McCain et Kelly Ayotte ainsi que leur collègue indépendant Joe Lieberman. Les relations entre les Etats-Unis et le pouvoir militaire égyptien se sont tendues depuis qu'un responsable judiciaire a annoncé dimanche que 44 personnes, parmi lesquelles 19 Américains et d'autres étrangers, allaient être jugées pour des accusations de financement illégal d'associations en Egypte. Mardi, un autre sénateur républicain, Lindsey Graham, avait averti que l'aide militaire de 1,3 milliard de dollars versée tous les ans par les Américains aux Egyptiens, était «en jeu». Dans leur communiqué, MM.McCain, Lieberman et Ayotte ont souligné que «le soutien du Congrès à l'Egypte - notamment la poursuite de l'aide financière - est compromis». «Si une solution n'est pas trouvée rapidement, nous redoutons que le partenariat américano-égyptien ne soit gravement affecté», ont-ils averti. «Une rupture des relations serait catastrophique et un tel risque a rarement été aussi grand», ont ajouté les sénateurs. Les trois élus ont demandé au Caire de mettre fin aux poursuites contre les travailleurs associatifs américains, de restituer leurs biens et de les autoriser à quitter le pays. Ils ont accusé «des adversaires des Etats-Unis au sein du gouvernement égyptien d'exacerber les tensions et d'enflammer l'opinion publique à des fins politiques étroites». Les poursuites contre des Américains dans ce pays longtemps allié de Washington suscite une forte émotion au Congrès, également dans la majorité sénatoriale fidèle au président Barack Obama. Au département d'Etat, la porte-parole Victoria Nuland a assuré mardi que les organisations non gouvernementales «qui soutiennent la démocratie en Egypte jouent un rôle important dans le processus de transition et n'ont rien fait de mal» et a fait part de la «profonde inquiétude» de Washington. Cette action en justice fait suite aux perquisitions de 17 locaux d'ONG égyptiennes et internationales de défense des droits et de promotion de la démocratie le 29 décembre. Parmi elles figurent les organisations américaines National Democratic Institute (NDI), International Republican Institute (IRI) et Freedom House, ainsi qu'une allemande, la fondation Konrad Adenauer. Ces ONG sont accusées d'avoir «établi des filiales d'organisations internationales en Egypte sans avoir obtenu l'agrément du gouvernement égyptien», et d'avoir «reçu des financements illégaux de l'étranger».