Le président tunisien lors de sa conférence de presse à Djenane El Mithaq Il a eu à expliquer son projet herculéen d'un nouveau Maghreb. Le président tunisien, Mohamed Moncef Mar-zouki, a achevé hier, sa visite officielle de deux jours en Algérie, la dernière étape d'un périple maghrébin de six jours historique. Par son franc-parler doublé d'une simplicité désarmante, le président tunisien a eu à expliquer son projet herculéen d'un nouveau Maghreb, confirmer l'adhésion de l'Algérie et du Maroc à cette relance. Dans une conférence de presse qu'il a animée dans la soirée d'avant-hier à Djenane El Mithaq à Alger, le président tunisien a annoncé que les dirigeants des pays du Maghreb ont convenu de tenir un sommet maghrébin dans le courant de l'année 2012. Le sommet sera «sérieux» et ses résultats «palpables» pour les peuples de la région, a-t-il souligné. L'un des premiers acquis de ce périple. La date de ce rendez-vous n'a pas été arrêtée mais la rencontre se tiendra en Tunisie «après examen des dossiers par les Etats» pour que le sommet «revête une véritable valeur et pour ne pas accabler nos peuples en convoquant des réunions pour la forme». Il souligne dans le même sillage que les pays du Maghreb arabe sont appelés à «oeuvrer graduellement pour poser de nouveaux jalons sur la voie de la construction maghrébine». «Une fois les relations améliorées et les frontières ouvertes, on procèdera alors au lancement de projets communs.» Le président tunisien ne se pose aucun préalable pour cette construction maghrébine. «Il faut instaurer un climat psychologique susceptible d'ouvrir les canaux de communication à même de créer des conditions politiques et psychologiques nouvelles favorisant la résolution des différends», a-t-il notamment affirmé. Ce désir d'insuffler une nouvelle dynamique à l'UMA, sclérosée depuis 1994, doit être d'abord bénéfique pour la Tunisie dont l'économie a été mise à genoux après la révolution. Et le président Moncef Marzouki ne s'en cache pas. «La politique intérieure tunisienne est intimement liée à la politique étrangère. Nous sommes à la recherche d'équilibres internes et externes», a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse. Pour Moncef Marzouki, la Tunisie a besoin de la relance de l'UMA pour la réussite de sa révolution de même que les autres pays de cette région ont besoin de cette relance pour sortir de la ghettoïsation. Le président tunisien est arrivé dimanche dernier à Alger pour une visite officielle de deux jours à la tête d'une importante délégation ministérielle dans le cadre du «renforcement du dialogue et de la concertation entre les deux pays». M.Marzouki a eu des entretiens avec les hauts responsables de l'Etat algérien. Abordant le dossier du Sahara occidental, le président tunisien n'a pas mâché ses mots. «C'est une question qui existe et qu'on ne peut ignorer», la qualifiant de «douloureuse sur le plan humain». «Le problème du Sahara occidental est une réalité qu'on ne peut ignorer. C'est une question épineuse, difficile et douloureuse sur le plan humain», a-t-il affirmé rappelant que cette même question est inscrite au niveau de l'Organisation des Nations unies. Interrogé sur la décision de son pays de renvoyer l'ambassadeur syrien, le président Marzouki a rappelé que «c'est une décision souveraine prise loin de toute pression occidentale ou de celle des pays du Golfe». Dans ce contexte, il a souligné que son pays n'a pas fermé l'ambassade de Syrie «mais celle d'un régime qui a perdu sa légitimité». «La fonction première d'un Etat c'est de défendre ses citoyens. A partir du moment où un Etat tue ses propres citoyens, s'il a le monopole de la violence et tue ses propres citoyens il n'a aucune légitimité», a-t-il martelé. Aussi, a-t-il souhaité une solution politique en Syrie «à peu près comme celle qui a été trouvée au Yémen» pour permettre au président Bachar el-Assad de quitter le pays. «J'espère que nous trouverons une solution politique à peu près comme celle qui a été trouvée au Yémen, c'est-à-dire le départ d'un dictateur dont personne ne veut et qu'il y aura une transition à ce régime qui resterait en place», a-t-il déclaré. S'agissant de l'extradition du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali en exil à Riyadh, le président Marzouki a révélé que son pays a sollicité «nos frères en Arabie Saoudite pour nous remettre ce criminel. Toutefois, nous ne ferons pas de cette demande une condition pour la continuité des relations entre nos deux pays». S'adressant aux organisations internationales, il a promis un «procès équitable» à l'ex-président tunisien, tout en insistant sur «la revendication légitime de la Tunisie à récupérer l'argent et les biens détournés par Ben Ali». Au sujet de l'ancien Premier ministre libyen, Mahmoudi El-Baghdadi, qui se trouve en Tunisie, le président Marzouki a indiqué que son pays ne procèdera pas à son extradition «tant que la Libye ne dispose pas d'un système stable et d'une justice indépendante», a-t-il tenu à préciser en conclusion.