La journée d'hier était consacrée aux questions orales. L'hémicycle était pratiquement vide, comme si tout se concoctait dans les coulisses. Le clash entre le groupe parlementaire et les instigateurs du putsch contre Benflis n'a pas eu lieu à l'APN. Plutôt pas encore. La tension demeure la même. La très attendue ministre de la Communication et de la Culture, qui devait répondre à la question du député FLN relative à la suspension des journaux, a tourné au bide et la montagne a accouché d'une souris. Mme Khalida Toumi a fini, en effet, par botter la balle en touche. «Ce n'est pas moi, ce sont les autres», a tenté désespérément d'expliquer l'ancienne militante de la liberté de la presse. En effet, évitant soigneusement d'aller dans le fond politique de ce précédent commis contre la presse, elle a appuyé son argumentaire en indiquant: «Vous savez, les imprimeries ne dépendent pas de mon département, mais d'un groupe économique qui obéit aux libres règles du marché.» Il s'agit là du groupe GPC qui dépend directement des services du gouvernement d'Ouyahia. Toutefois, Mme la ministre n'a pas jugé bon d'expliquer pourquoi l'argument commercial a été appliqué d'une manière sélective. N'ayant pas donné plus d'information sur ce qui a été déjà avancé par le gouvernement, lors de la période de la suspension qui a pesé contre les journaux, l'hémicycle s'est vidé de nouveau. L'autre coup de théâtre qui a précédé l'intervention de Mme Khalida Toumi est venu de la part du ministre chargé des Relations avec le Parlement, concernant une question posée par le MSP, relative au matraquage de ses élus lors d'une manifestation. «Les policiers n'ont pas pu les distinguer au milieu de la foule des manifestants», a-t-il simplement répondu. Cette étonnante réponse a provoqué un fou rire au sein de l'Assemblée. «Comme si le matraquage du citoyen qui manifeste est un acte normal et légitime», a commenté d'un ton amer le député du MSP. Le ministre chargé des Relations avec le Parlement a affirmé, en réponse à une question d'un député indépendant, que «le gouvernement a pris les mesures nécessaires à la protection de la population habitant dans des régions où la France effectuait des essais nucléaires durant les années 1950». M.Khoudri a précisé que les zones de Reggane et Kezal sont soumises au contrôle de l'Agence nationale de l'énergie notamment en ce qui a trait aux plantes et puits d'eau. Les coulisses de l'hémicycle grouillaient de journalistes avides de soutirer des informations sur ce qu'a préparé le FLN pour contrer les pressions exercées sur ses députés. Se montrant serein, le chef du groupe parlementaire FLN, M.Mekhalif, qui suit de loin le mouvement de la foule dans les étages, a réitéré son assurance que son parti traitera les dossiers soumis à l'Assemblée «avec responsabilité». «Nous étudierons et ferons notre devoir envers ceux qui nous ont fait confiance. Nous n'allons pas transporter les batailles électorales dans l'hémicycle comme le font certains», faisant allusion aux troupes mobilisées par le mouvement de redressement supervisé par Abdelaziz Belkhadem. M.Sadek Bouguetaya, président de la commission des affaires étrangères, a, pour sa part, expliqué à ce sujet que «le président de la République a piégé le parlement pour pousser le FLN à commettre l'erreur d'entrer dans son jeu».