L'influent hebdomadaire allemand, Der Spiegel, qui tire à plus d'un million d'exemplaires, lance une «bombe» dans son édition d'aujourd'hui. Il rapporte que François Hollande, candidat à l'élection présidentielle française, fait l'objet d'un complot. Le journal affirme que le Premier ministre britannique, David Cameron, celui de l'Italie, Mario Monti, celui de l'Espagne, Mariano Rajoy et Angela Merkel, la chancelière allemande ont, par un accord secret, décidé de ne pas recevoir le candidat François Hollande. Le motif invoqué serait l'intention de François Hollande de renégocier, s'il est élu, le pacte fiscal signé par les 25 pays européens lors du dernier sommet, vendredi dernier. Il fallait trouver un motif car Angela Merkel n'a pas attendu le sommet pour venir à Paris, le 6 février dernier, soutenir publiquement la candidature de Nicolas Sarkozy. Le 17 du même mois, lors du sommet franco-britannique, c'était au tour de l'Anglais David Cameron de prendre le micro pour apporter son soutien à Sarkozy. Voilà pour le faux motif fiscal. Mais quelles que soient les raisons, ce scandale démontre, une fois de plus, que la démocratie en Occident prend de nouvelles formes. Rappelez-vous, l'Europe a eu déjà à inventer, pour l'Irlande, le référendum à «2 tours». Le 12 juin 2008, les Irlandais avaient dit «Non» par voie référendaire au traité de Lisbonne. Après de fortes pressions, ils ont fini par dire «Oui» lors d'un deuxième scrutin organisé le 2 octobre 2009. Les Français aussi mais par une voie détournée. Le 29 mai 2005, lors du référendum sur la Constitution européenne, les Français ont dit «Non». Le 4 février 2008, le président français fait adopter, par les parlementaires, cette même Constitution européenne. Der Spiegel n'apporte en réalité aucun scoop. Il y a belle lurette que l'avis des peuples est piétiné en Occident. Quand le président français lance le 27 février dernier: «Bachar al-Assad doit partir!» et que le Premier ministre britannique ajoute le même jour «qu'il faut mettre la pression maximale pour qu'Assad parte!» on mesure tout le mépris qu'ils affichent du même coup, envers le peuple syrien dont l'avis ne compte plus. On peut remonter plus loin avec l'ingérence militaire française dans l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire. Et c'est l'Otan qui se lance contre le leader libyen jusqu'à l'assassiner. Elle est belle la démocratie occidentale! Et ce sont les mêmes qui vont poser à la Chine la question des droits de l'homme. Timidement, il est vrai. La Chine n'est pas la Côte d'Ivoire. Actuellement, c'est la Russie qui est ciblée. L'Occident ne veut visiblement pas de Poutine comme président. A ce propos, Poutine, demain probablement président de Russie, après les élections présidentielles qui ont eu lieu hier, a accusé, le 12 décembre dernier, l'Occident de «mettre en place des organisations internes qui sont, soi-disant, nationales mais qui, en réalité, sont financées par l'étranger et dansent au son de la musique d'un Etat étranger». Elle est belle la démocratie occidentale! Non, Der Spiegel ne livre aucun scoop dans son édition d'aujourd'hui. Le complot contre la France aujourd'hui n'est pas plus extraordinaire que le référendum avorté en Grèce. Le 31 octobre dernier le Premier ministre grec, Georges Papandréou, annonce un référendum sur un accord avec la zone euro pour la dette de son pays. C'est le branle-bas de combat à Bruxelles. Le 3 novembre, soit quatre jours après, le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, informe l'Union européenne de l'abandon par son pays de l'idée d'un référendum. Le 9 novembre, Papandréou démissionne. Les complots sont devenus une spécialité européenne. Pas de quoi faire un scoop! Elle est de plus en plus belle la démocratie occidentale!