Pendant que les Palestiniens se cherchent un gouvernement, l'armée israélienne poursuit ses opérations de représailles à Rafah Dans la soirée de samedi, le président Arafat et son Premier ministre, Ahmed Qorei sont enfin parvenus, après la médiation du Comité central du Fatah, à un accord permettant au cabinet Qorei d'entrer en fonction. Toutefois, cet accord très court dans le temps, - jusqu'au 31 octobre-, reste transitoire et ne résout pas en fait le problème de fond qui demeure: celui des prérogatives politiques. Comme l'explique Nabil Chaath, ministre palestinien des Affaires étrangères, «Au bout d'un mois, nous verrons si ce cabinet d'urgence de huit ministres doit être étendu ou maintenu, mais entre temps le portefeuille de l'Intérieur ne sera pas attribué». Ce qui contredit quelque peu l'affirmation, sous le couvert de l'anonymat, d'un haut responsable palestinien, selon lequel «le gouvernement (allait) continuer sa mission de gouvernement d'urgence avec les membres du cabinet qui ont prêté serment», indiquant par ailleurs que «le ministère de l'Intérieur sera confié au Premier ministre jusqu'à ce que celui-ci forme un gouvernement plus nombreux ou qui trouve quelqu'un à placer à sa tête». Or, selon un membre du Comité central du Fatah, Abbas Zaki, durant la période considérée, le Conseil national de sécurité, instance chapeautée par le président Arafat, prendra en charge les prérogatives du ministère de l'Intérieur. Ce qui fait là trois versions différentes, nonobstant l'accord intervenu entre MM.Arafat et Qorei, ne déterminant pas les responsabilités de l'un et de l'autre. De fait, Nabil Abou Roudeina, le principal conseiller du président Arafat, qui annonça l'accord réalisé dans la soirée de samedi, ne donne pas d'indications précises sur sa teneur indiquant de façon laconique que «A la suite de l'accord entre MM.Arafat et Abou Alaa (...), le Premier ministre et son cabinet, qui ont prêté serment devant M.Arafat, vont continuer leur mission jusqu'à la fin du mois, conformément à la loi». Notons cependant, que le général Nasser Youssef, pressenti pour le portefeuille de l'Intérieur a refusé de prêter serment, à l'évidence pas satisfait des restrictions apportées à ses prérogatives en matière sécuritaire. Ce qui veut dire que la question des prérogatives du cabinet palestinien demeure, outre en suspens, au centre de la crise politique qui secoue l'Autorité palestinienne depuis la création d'un Premier ministère sur l'insistance des parrains du processus de paix et singulièrement des Etats-Unis et d'Israël qui veulent mettre le président palestinien «hors jeu». Pendant que les Palestiniens se cherchaient un gouvernement qui n'a pu fonctionner du fait de la crise de pouvoir opposant Yasser Arafat aux postulants au poste de Premier ministre, l'armée israélienne d'occupation poursuivait ses opérations de représailles, notamment à Rafah, coupée du monde depuis plus d'une semaine. Ainsi, l'armée israélienne soutenue par des blindés et des hélicoptères de combat, s'adonne à des représailles sanglantes contre la population et continue de détruire des habitations. Ce qui fait dire au gouverneur de la ville, Majd Al-Ara, après avoir indiqué que «l'armée israélienne a complètement détruit durant son opération toutes les routes, le système d'adduction d'eau et les réseaux téléphoniques et d'électricité» que «Rafah est une ville sinistrée». Huit jours après le début de l'opération Rafah, à New York, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, l'a enfin condamné, regrettant qu'Israël fasse «un usage excessif de la force dans des zones peuplées, en violation du droit international». Au moment où dans les territoires palestiniens l'impasse est totale, le ton montait entre Syriens et Israéliens, ces derniers menaçant la Syrie d'une autre intervention militaire, alors que Damas se dit déterminé et «se réserve le droit de riposter par tous les moyens en sa possession en cas de nouvelle agression (israélienne)» En Israël, le sujet qui faisait la une de la presse locale a incontestablement trait aux «capacités de frappes nucléaires» d'Israël, cela après que la presse étrangère eut consacré des articles, cette semaine, à cette question controversée, et à l'évidence tabou, en Israël. Ainsi, hier le magazine allemand Der Spiegel, et le quotidien californien, le Los Angeles Times sont revenus sur le secret le mieux gardé inhérent aux capacités nucléaires israéliennes. Selon le Los Angeles Times, «Israël a modifié des missiles de croisières d'origine américaine embarqués à bord de sous-marins, pour les équiper d'ogives nucléaires, et donnant ainsi une capacité de lancer des armes atomiques depuis la terre, l'air ou la mer». Niant ce qui est pour tous un secret de polichinelle, un conseiller de Sharon déclarait hier avec aplomb qu' «Israël ne sera pas le premier pays à introduire l'arme nucléaire au Proche-Orient, ni le premier à s'en servir». En réalité, tous les experts internationaux en la matière s'accordent à dire qu'Israël dispose d'au moins 200 têtes nucléaires. De fait, en 1991, alors Premier ministre, le travailliste Shimon Peres, à reconnu que la France en 1956, en pleine crise de Suez, «avait accepté d'aider Israël». Par ailleurs, Israël demeure le rare, sinon l'unique, pays du monde à ne pas adhérer au TNP ( traité de non-prolifération des armes de destruction massive) et s'oppose à toute inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea).