Très attendue, cette décision constitue un tournant décisif dans l'affaire du FLN. Alors que tous les observateurs s'attendaient à une riposte du vieux parti depuis le parlement, la formation de Benflis surprend tout le monde en contre-attaquant avec les mêmes armes que les putschistes. C'est-à-dire sur le terrain judiciaire. L'élément nouveau, relatif au scandale d'usurpation de signatures dont L'Expression avait publié les détails dans son édition d'hier, «a complètement chamboulé les calculs des putschistes», indiquent des cadres du FLN rencontrés hier au siège du parti. Ces derniers disent avoir obtenu la liste complète des signataires introduite par les plaignants et qui «comporte plusieurs noms de cadres du FLN et ce à leur insu», nous indique-t-on Ce renversement de situation au profit du FLN intervient à quelques heures seulement du verdict final du Conseil d'Etat qui se prononcera aujourd'hui. Selon, M.Mekhalif Abbas, le chef du groupe parlementaire du FLN, «les premiers éléments de l'enquête menée par le FLN révèlent une grosse fraude». Et d'ajouter: «Ils ont laissé des traces difficiles à supprimer, ce qui laisse entendre que les meneurs du putsch étaient trop confiants pour avoir eu des garanties de la part de leurs protecteurs.» Dans le même contexte, Sadek Bougettaya promet que «les usurpateurs seront traînés dans les tribunaux». «Ils ont voulu duper la justice et bien c'est cette dernière qui les jugera», affirme-t-il. Selon les cadres du parti, la procédure judiciaire qu'entamera le FLN contre les meneurs du mouvement de redressement commencera juste après le verdict du Conseil d'Etat. «Juger le mouvement en tant que tel serait lui accorder une qualité morale», estiment les cadres victimes d'usurpation d'identité qui se seraient préalablement mis d'accord pour poursuivre, chacun de son côté, les auteurs pour faux et usage de faux. Cette hypothèse reste la plus plausible. La concertation avec les victimes du faux et usage de faux se poursuit dans le plus grand secret. Les cadres du parti visiblement vigilants, n'ont pas jugé bon de trop en parler. «Si on révèle ce que nous savons, les putschistes, appuyés quelque part par des éléments dans l'appareil de l'Etat, pourront agir», nous dit-on. Par ailleurs, des juristes contactés par L'Expression ont estimé que le Conseil d'Etat n'aura même pas besoin de ce nouvel élément pour rendre justice au parti. «Le 8e congrès a été contesté par des membres déjà exclus. Comment et par quel moyen peut-on juger une pareille situation, qui est loin d'être une vulgaire affaire de trafic et de fausses signatures?» Sans commentaire.