Le leader du Front de libération nationale a ciblé tout particulièrement Abdelaziz Belkhadem, jeudi dernier, à l'occasion du meeting qu'il a animé dans la kasma de Bab Ezzouar à Alger. Dans la grande salle de cette structure de base du FLN où il a été triomphalement accueilli par ses militants au cri de “Benflis Président !”, le chef de file de la première force politique du pays a estimé que les représentants de l'Etat algérien ont considérablement terni son image à l'étranger par des attitudes pour le moins condamnables. “Le monde nous observe et ces gens-là ont honteusement porté atteinte à l'image de notre pays à l'étranger”, a fortement regretté Ali Benflis dans l'entame de son intervention, sous un tonnerre d'applaudissements. Ses propos visaient notamment le Président-candidat, le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Justice, mais plus particulièrement le ministre des Affaires étrangères, en tant que représentant officiel de l'Algérie à l'étranger. Ali Benflis affirme à ce sujet que le comportement de Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, “fait honte au pays”. Ses arguments sont que, en tant que chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem a entaché l'image du pays, en étant à la tête d'un mouvement putschiste, dit de “redressement”, contre un parti légal, le FLN en l'occurrence. “Après avoir participé, applaudi le VIIIe congrès et soutenu la réélection du secrétaire général du parti, il sort, quelques jours plus tard, pour, dit-il, redresser”, note Benflis avant de s'interroger : “Qu'est-ce qu'il y a à redresser dans un parti qui a gagné deux élections, les législatives et les locales ?” Un autre exemple de l'image piteuse qu'offre Belkhadem de l'Algérie est relevé par l'orateur : “Il y a eu un putsch dans un petit Etat africain. Le ministre des Affaires étrangères a diffusé un communiqué à travers l'ENTV, dans lequel il dit ne pas reconnaître cet Etat, puisque issu d'un coup d'Etat. Le même jour, ce même ministre, dans un autre communiqué, appelle les militants du FLN à la fronde et à la rébellion contre la direction de leur parti”. “J'ai honte pour mon pays qu'un ministre des Affaires étrangères transforme son département en une cellule chargée de casser le FLN”, commentera sentencieux Benflis. Evoquant, par ailleurs, le ministre de l'Intérieur, Benflis affirme lui dénier le droit de s'ingérer dans les affaires internes du FLN : “Mais de quel droit se substitue le ministre de l'Intérieur au secrétaire général du parti, en installant une cellule de suivie des activités du FLN ?” Abordant le secteur de la justice, l'intervenant affirme, en évoquant les conditions du déroulement du jugement interdisant le congrès extraordinaire de son parti, que c'est “le scandale du siècle”. “On a affaire à une justice nocturne et clandestine !”, renchérit-il avant de pester : “J'ai de la peine pour mon pays.” Le ministère de la Justice s'est transformé, dira-t-il, en un laboratoire de complot contre la démocratie. “Ils ont ridiculisé l'Algérie”, regrettera-t-il. Toutefois, dans cette instrumentalisation de l'appareil judiciaire pour les besoins des ambitions électorales du Président-candidat, le leader du FLN relève qu'“il y a de nombreux juges intègres qui ont refusé de céder aux pressions”. Le Président-candidat a été également la cible des propos acerbes du patron du FLN. “Quant on est un homme public, censé gérer le pays, il faut accepter de présenter son bilan à la population. Sinon, il faudrait élaborer un règlement intérieur pour dire que l'Algérie n'est pas un pays démocratique, n'est pas une République et qu'on est contre les libertés”, ironisera-t-il. Sur ce même registre, l'orateur plaidera pour un “Etat d'institutions et non pas celui d'un individu ou d'un clan”. Par ailleurs, Benflis martèlera que le VIIIe congrès a définitivement consacré le FLN “comme parti autonome et souverain de ses décisions”. “Le FLN n'est pas un parti de sous-traitants !”, soulignera-t-il, tout en indiquant que, quelles que soient les attaques qui le cibleront, “nous avons les moyens de riposter et de nous défendre (…). Nous, nous n'avons jamais quitté le pays”. Et de soutenir : “C'est au peuple de choisir ses représentants.” Nadia Mellal Béjaïa En rangs soudés La mouhafadha de Béjaïa a organisé, hier, une rencontre des cadres du parti et de ses élus de la région dans son siège pour “évaluer la situation politique du pays, dégager des perspectives pour le parti et transmettre le message du congrès extraordinaire du parti à la base militante”. Sous le générique “Benflis Président”, la rencontre des cadres du parti majoritaire n'a enregistré aucune fausse note des intervenants quant à la crise qui secoue leur parti. Les présents ont tenu à réaffirmer leur soutien “à la candidature de leur secrétaire général à la présidence de la République”. En outre, aussi bien les députés que les élus locaux et les cadres du parti dans la région, et à leur tête MM. Mouzaoui H. et Dris A., respectivement député et membre du comité central, ont tenu à souligner en substance “la détermination du parti FLN à poursuivre sa politique de rénovation”. En allusion au clan du Président, les deux intervenants estiment qu'“il est en déphasage avec l'actualité”. “Notre parti n'est plus celui des années d'avant”, ont-ils martelé. S'agissant des visites du Président et de son ministre de l'Intérieur, s'achevant avec la “distribution” de milliards aux régions visitées, les participants à cette réunion ont dénoncé fermement “l'utilisation de l'argent du contribuable à des fins électoralistes”. “La politique de Bouteflika, via ses visites, en distribuant l'argent du peuple pour briguer un second mandat, a été dénoncée”, note-t-on, au cours de cette réunion, dans les interventions des cadres et élus du parti. Un hommage au combat de la presse et à celui du mouvement citoyen a été rendu par les participants à cette réunion des cadres et élus du parti FLN dans la région. Les manœuvres de déstabilisation de leur formation politique ont été également dénoncées. “Ils ont été achetés par le clan du Président”, ont-ils avancé à ce sujet. “Ils peuvent tout acheter et sceller, mais pas nos consciences”, conclut M. Djohri Aziz L. OUBIRA Constantine “Effacer la honte de l'article 121” Le collège des Constantinois, élus FLN dans les différentes assemblées, a tenu, tard dans la journée d'avant-hier, un conclave au niveau du siège de la mouhafadha. Les élus FLN, dans une lettre adressée à Benflis, ont réitéré leur adhésion aux démarches de la direction du parti, tout en se félicitant du “franc succès du congrès extraordinaire” durant lequel le secrétaire général du parti a été plébiscité candidat du parti à la présidentielle 2004. La sortie des élus de Constantine est venue au moment où des rumeurs ont fait état, ces dernières 72 heures, du renforcement des rangs des “redresseurs” par une recrue de taille, à savoir le P/APC de la ville des Ponts suspendus. Une rumeur vite infirmée par l'intéressé en personne qui s'est dit toujours fidèle et loyal à la direction du parti. Les élus FLN ont, en marge de la rencontre, dénoncé le limogeage de la désormais ex-directrice de la cité universitaire des 2000-lits de Constantine. Les pro-Benflis imputent le limogeage de cette directrice à son engagement en tant que militante et élue. En effet, la décision de mettre fin aux fonctions de la directrice de la plus importante résidence universitaire pour filles de Constantine est tombée au lendemain du déplacement de l'intéressée à Alger, pour prendre part au congrès extraordinaire, nous a-t-on précisé. Les pro-Benflis ne croient pas à l'effet du hasard et s'attendent à d'autres mesures coercitives contre leurs troupes, notamment pour ceux des militants qui émargent dans la Fonction et la sphère économique publiques. L'un d'eux ne s'est pas privé d'ironiser : “Le pour-qui-tu-votes vient d'effacer la honte de l'article 121 !” Mourad Kezzar Après la fameuse visite de Bouteflika La revanche des élus FLN à Djelfa C'est une véritable mobilisation que vient de connaître, la fin de la semaine écoulée, le FLN à Djelfa. Les militants du parti de Ali Benflis, dont des députés et autres élus locaux, se sont regroupés au siège de la mouhafadha et ont signé quatre communiqués très virulents, dans lesquels ils ont mis l'index sur “les dépassements dangereux de l'administration” et ont dénoncé “le chantage” devenu une règle, exercé sur les élus pour rejoindre le mouvement de “redressement”. Les pro-Benflis à Djelfa se sont indignés des agissements du P/APW et de ceux du P/APC de Djelfa, qui, pour eux, “ne représentent nullement le parti FLN, car ils ont trahi le secrétaire général élu lors du VIIIe congrès et plébiscité lors du dernier congrès extraordinaire”. Quant à la fameuse motion de soutien au Président-candidat, lue dans la zaouïa, lors de la visite “spirituelle” de Bouteflika, les élus de l'APW au nombre de neuf, présents dans la réunion des pro-Benflis, ont tenu à expliquer que “le P/APW, qui n'est qu'un simple attaché du cabinet du wali, n'a fait qu'exécuter les ordres de son patron, alors que les huit autres ne sont que de vrais opportunistes”. À noter que le nombre des élus FLN au sein de l'APW est de l'ordre de 18, chose qui prouve que l'APW n'est pas acquise par les fameux “redresseurs”, c'est le même cas pour l'APC de Djelfa, composée de 9 élus FLN, 5 élus ont signé une non-reconnaissance de la prise de position de M. Khoudiri Belgacem, le fameux maire “vomi” par l'administration, qui a fini, suite à sa position critique, par rejoindre les “pseudo-redresseurs”. Par ailleurs, et au moment où les pro-Benflis s'organisent de plus en plus, le fameux mouvement de “redressement” s'est divisé en cinq “petits” groupes à Djelfa, formés généralement de militants d'autres chapelles politiques, comme le RND, El-Islah et le MSP et quelques syndicalistes. Lotfi G.