Au 15é salon international de l'automobile d'Alger,les milliers de visiteurs, dont ceux venus pour acheter un véhicule neuf, sont en fait partagés entre l'envie de casser «leur tirelire » et celle plus pressante de faire face à la cherté de la vie. Des visiteurs rencontrés à ce salon, qui a ouvert ses portes jeudi, ont en effet mis en exergue leur «vif désir d'avoir enfin un véhicule neuf », après des années de privations. Mais, rapidement, ils s'empressent de préciser que «l'achat d'un véhicule neuf » ne signifie pas la bonne santé de leurs finances. Ils soulignent même, dans le cas de l'acquisition d'une voiture neuve, qu'ils « auront du mal à faire face à la cherté de la vie». Les prix des produits agricoles, notamment la pomme de terre, ont flambé ces derniers jours, grevant ainsi le budget de la ménagère. « Le feu prend de toute part, il nous mange », lance un brin facétieuse une dame, la quarantaine bien entamée. Pour autant, les stands des différentes «écuries » ne désemplissent pas. Pratiquement tous les stands des constructeurs présents à ce salon sont littéralement envahis par des centaines de curieux, acheteurs et autres accrocs de la mécanique. Sur place, il était en fait difficile de se frayer un passage ou d'approcher quelques modèles de voitures en raison du rush des visiteurs: familles accompagnées de leur enfants, des jeunes et des «vieux » qui ont roulé leur bosse sur les routes et autres sentiers d'Algérie sont venus au salon de l'automobile pour ne pas rater « l'événement de l'année », selon certains d'entre eux. «Je suis ici pour acheter un véhicule neuf, cela fait des années que je fais des économies. Pour la première fois, je vais avoir un véhicule avec mon propre argent », lance avec fierté Fatiha, fonctionnaire à Blida. Mais, émergeant soudain de la foule, son mari rectifie, précisant qu'elle n'aurait pu postuler à l'achat d'un véhicule sans le concours de son père, de sa sœur et de sa belle-mère, en fait de toute la «smala », qui a accepté d'apporter sa contribution et faire plaisir à sa femme. «Nous sommes de simples fonctionnaires, nous ne pourrions pas acquérir un véhicule neuf sans l'aide de notre entourage. En fait, nous avons contracté +un crédit sans intérêt », a ironisé Mohamed. Anagou Mohmed, peintre de son état, a fait une commande pour l'achat d'un véhicule dont le prix dépasse les 1,5 millions de dinars. Mais, pour réaliser ce rêve d'un véhicule neuf, il a beaucoup économisé, beaucoup «trimé ». «Avec la cherté de la vie, c'était vraiment difficile. J'ai travaillé sans relâche, des fois 12 à 14 heures par jour pour amasser le maximum d'argent. De plus, je me suis privé de tout: pas de confort, pas de vacance. D'ailleurs, même mes enfants en pâtissent ». Un peu plus loin, près du stand d'un constructeur aux marques prestigieuses, Dahmane rêve debout. Il est venu à ce salon de l'automobile « pour en faire un exutoire », affirme t-il. Venir à un salon « Auto » et ne pas avoir les moyens de s'offrir une voiture, c'est comme le «supplice de Tantale », estime Dahmane.