Maître Mohamed Kadri, l'avocat de Ismaïl et Kheireddine inculpés de destruction de bien d'autrui, fait prévu et puni par le Code pénal, était arrivé de Rouiba décidé à casser la baraque à El Harrach, face à Radja Bouziani, la présidente de la section correctionnelle, celle-là même qui s'occupait du civil où elle excelle et qui avait remplacé Fella Ghezloune, partie en formation en vue de s'emparer d'un siège au pôle. En effectuant le long et douloureux trajet Rouiba - El Harrach, cet axe routier à éviter à huit heures du matin, Maître Kadri savait que la tâche serait ardue pour tirer le papa et son fils du bourbier dans lequel Hamid H. a eu l'inélégance de poursuivre cette famille pour des bris de glace lors d'une collision qu'il a lui-même causée selon le seul témoin du procès. Et vers les onze heures précises, lorsque Bouziani avait appelé les parties à la barre, seule la victime n'a pas jugé bon de se déplacer au tribunal, demander son dû, on a dû l'informer que son statut lui permettait de hausser les épaules et de tourner le dos à la justice dont la représentante du jour n'allait pas s'arracher les cheveux juste parce qu'elle (la victime) était absente. Et cette situation allait permettre à Maître Kadri d'évoluer tout seul sur un terrain où Radja était l'arbitre tout désigné pour juger ce dossier considéré comme vide par le défenseur de Rouiba. Les deux inculpés, Ismaïl le fils et Kheireddine le père, étaient debout, la mine défaite à cause de ces poursuites qu'ils n'ont jamais souhaitées. Un après l'autre, les deux inculpés se défendront avec des mots simples. Aux sept questions de la présidente, ils répondront juste ce qu'il faut. Leur avocat a dû les avertir de ne pas trop parler. «Contentez-vous de répondre aux seules questions du tribunal et vous vous en sortirez!» avait-il conseillé. «C'est lui qui a causé la collision. Le bris de glace était à l'avant. Il n'y avait rien à l'arrière du véhicule!» avait précisé le jeune Ismaïl Tissi appuyé par son papa Kheïreddine qui a dit ne pas comprendre l'attitude de ce «Hamid lequel aurait dû être là à nous regarder dans les yeux en réitérant ses accusations», avait-il martelé avant de faire une moue de satisfaction après le témoignage positif de Ibrahim B. un barbu sympa qui avait dit au moment où Radja l'avait invité à aller attendre dans la cour le temps qu'elle écoute les inculpés: «O.K. madame la présidente.» En effet, le témoin avait repris les deux versions des inculpés. Il était sous serment et à l'aise, très à l'aise, Moslem, le représentant du ministère public, lui, était en train de se remémorer les termes de l'article 407 du Code pénal qui a prévu de frapper de main de fer quiconque, volontairement, détruit ou dégrade... l'un des biens... est puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans... alors que l'avocat de Rouiba martelait les termes de l'article 450 du Code pénal pour éviter les deux et cinq ans d'emprisonnement à ses clients menacés de la lourde main dudit article balancé par le représentant du ministère public. C'est donc là, l'affaire de Radja Bouziani, cette juge qui a fait son petit bonhomme de chemin alors que le tiers du staff des juges du siège soit muté à Khemis-Miliana: Selma Bedri (Alger), Nadia Bouhamidi, en formation du pôle, Fella Ghezloune contre l'arrivée en lieux et place de Ahmed Oussadi (conseiller à la cour) du vigilant Khaled Benyounès qui suffoquait à Hussein Dey...