Lorsqu'il y a mort d'homme, le magistrat veut un dossier solide. Pour être en adéquation avec sa conscience, Ghezloune a préféré tempérer avant de juger une affaire d'homicide involontaire. Trois justiciables, en djellaba et barbus, faisant une tête d'enterrement sont debout devant Fella Ghezloune, la présidente du pénal du mercredi à El Harrach (cour d'Alger). L'heure est grave. Le délit aussi. L'homicide involontaire, même si le qadha oual qadar s'y engouffre envers et contre la volonté des humains, des mortels, des croyants de tous bords, est le sujet de ce début d'audience. L'auteur du délit a ce tic qui fait des vaseux, des «absents» à la barre. Le pauvre a dû se remémorer l'accident qui a coûté la vie à un être humain. Il est vrai que l'article 288 du code pénal dispose : «Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, commet involontairement un homicide ou en est involontairement la cause, est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de mille à vingt mille dinars.» Donc, c'est en droite ligne que Ghezloune va devoir examiner cette affaire et qu'elle a décidé de la renvoyer, en attendant que l'on veuille bien apporter un document capital pour aller au fond et en examiner les tenants et aboutissants, car il y a une vie humaine qui s'en est allée, et c'est justement à la justice de faire éclater la vérité. Messaoud Kennas, le dynamique représentant du ministère public, va devoir attendre. En parfait avocat de la société, il saura aider le tribunal dans cette douloureuse entreprise, en l'occurrence écouter les ayants droit étaler leur douleur et pourquoi pas leurs besoins, car le cher disparu était le soutien de famille. Mais cessons de spéculer, l'affaire étant renvoyée, attendons les débats sereins, c'est sûr, car Ghezloune sait rendre justice sur preuves. En tout état de cause, l'homicide involontaire et même les blessures involontaires relèvent de la section III.