Les cours ont de nouveau été suspendus mardi à la Faculté des lettres de la Manouba, près de Tunis, théâtre d'un bras de fer entre sa direction et un groupe d'activistes salafistes partisans du voile intégral. L'interruption des cours a été décidée à la suite d'une manifestation d'étudiants salafistes qui ont empêché le doyen Habib Kazdaghli d'accéder à son bureau en réclamant son départ, a rapporté l'agence TAP. Le groupe entendait obtenir l'annulation de sanctions prises par le conseil scientifique à l'encontre de dix étudiants ayant investi une salle de cours lors d'un épisode de la contestation régulière depuis novembre 2011. Les manifestants ont brandi des pancartes revendiquant un lieu de prière et le droit des étudiantes à porter le voile islamique intégral (niqab) en classe. Le doyen, cité par l'agence TAP, a indiqué avoir écrit au ministre de l'intérieur lui demandant «d'intervenir pour pour garantir le bon déroulement des cours ». Le ministre islamiste de l'Enseignement supérieur Moncef Ben Salem avait accusé le doyen de ne pas avoir su résoudre pacifiquement la crise qui perdure, le soupçonnant « d'arrière-pensées politiques ». «L'affaire de la Manouba est un faux problème. Nous avons 96 filles dans toute la Tunisie qui portent le niqab (voile intégral) dans les 193 institutions universitaires, et il n'y a de problème nulle part sauf à la Manouba », avait affirmé Moncef Ben Salem. Dans cette faculté de la Manouba, qui compte 13.000 étudiants, l'administration soutenue par des enseignants refuse catégoriquement le port du niqab pour des raisons sécuritaires et pédagogiques. L'interdiction de l'accès aux salles de cours aux étudiantes en niqab a été approuvée par le conseil scientifique de la faculté et a été confirmée par un arrêté du tribunal administratif.