L'ancien président français Jacques Chirac s'apprêterait à faire défaut à son camp, la droite, en votant dimanche prochain pour le socialiste François Hollande au premier tour de la présidentielle, a affirmé hier le journal Le Parisien, citant un de ses proches. L'historien Jean-Luc Barré, qui a aidé l'ancien président dans l'écriture de ses mémoires, a confié au Parisien que «Jacques Chirac est fidèle à lui-même lorsqu'il déclare qu'il votera pour Hollande». «Je lui rends fréquemment visite, nous déjeunons ou dînons ensemble. Après quatre ans d'échanges, je crois être un de ceux qui connaissent le mieux le fond de sa pensée», ajoute-t-il. Nicolas Sarkozy a jugé «triste» hier que certains essaient de «faire parler» son prédécesseur. «La meilleure façon de respecter Jacques Chirac dans les difficultés qui sont les siennes c'est d'essayer de ne pas le faire parler et qu'il ne soit pas instrumentalisé dans un sens ou dans un autre par son entourage», a déclaré le président sortant à la radio France Inter, faisant allusion à ses problèmes de santé et de mémoire. Le journal Le Parisien affirme que la famille de Jacques Chirac, président de 1995 à 2007, est très divisée à l'approche du premier tour du scrutin. Selon lui, sa fille Claude Chirac et son gendre Frédéric Salat-Baroux penchent également pour Hollande. Seule l'épouse de l'ex-président, Bernadette Chirac, est résolument partisane de Nicolas Sarkozy, à qui elle a apporté un soutien public appuyé. Jacques Chirac, qui entretient des relations complexes et difficiles avec Nicolas Sarkozy, n'avait pas hésité en 2011 à lancer devant des journalistes qu'il voterait pour François Hollande. Mais il s'était repris rapidement en affirmant qu'il s'agissait d' «humour corrézien». Jacques Chirac, 79 ans, et François Hollande, 57 ans, ont en commun d'avoir leurs racines politiques en Corrèze, département rural du centre de la France. Cette déclaration «n'avait rien d'une plaisanterie», dit aujourd'hui Jean-Luc Barré. Les deux hommes «ont en commun un même attachement aux valeurs républicaines et le refus de toutes les formes d'extrémisme et de discrimination», affirme-t-il, ajoutant qu'il voterait lui aussi pour Hollande. En quittant l'Elysée en 2007, Jacques Chirac s'était fixé pour discipline de ne pas faire de commentaires politiques. Cette phrase de 2011 sur son éventuel vote pour François Hollande, y fut la seule entorse.