L'ancien chef de l'état Jacques Chirac, 78 ans, n'a plus " l'entière capacité de participer au déroulement des audiences ", ont déclaré, hier, ses avocats. Ils ont transmis au président du tribunal une lettre accompagnée d'un dossier médical, où il demande à être représenté par eux. Jacques Chirac exprime, néanmoins, son souhait que ce procès puisse aller à son terme et qu'il soit jugé comme tous les autres citoyens. Ce procès, où il devait comparaître pour " abus de confiance ", " détournement de fonds publics " et " prise illégale d'intérêt ", devait démarrer demain. " Absences ", " pertes de mémoire ", " fatigue " : des rumeurs avaient circulé ces dernières semaines sur la dégradation de l'état de santé de Jacques Chirac et sur sa capacité à participer aux audiences de son procès, qui doit démarrer lundi. Elles sont aujourd'hui confirmées. Dans une lettre transmise, avant-hier, au tribunal par ses avocats et dont le contenu a été dévoilé hier, l'ancien président de la République reconnaît ne plus avoir " l'entière capacité " pour assister à son procès et demande à ses avocats de le représenter. Ce courrier aurait été accompagné d'un rapport médical, rédigé par le professeur Olivier Lyon-Caen, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, à la demande de son épouse Bernadette Chirac, et de sa fille Claude, affirmant que " M. Chirac est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permet pas de répondre aux questions sur son passé ". UN ETAT DE SANTE DEGRADE Sa présence aux audiences était restée incertaine, son état de santé continuant de susciter des spéculations. Des articles de presse ont décrit M. Chirac comme fatigué à son arrivée, début août en vacances à Saint-Tropez, dans le sud-est de la France, mais il avait néanmoins signé par la suite des autographes et posé avec les touristes. " Son état de santé s'est dégradé depuis quelques mois, c'est vrai, et dans ces conditions, sa présence au procès ne peut pas avoir lieu dans des conditions humaines et de dignité ", a précisé son gendre, Frédéric Salat-Baroux. Il ajoute que l'ancien président de la République n'a " plus la mémoire pour cela ". Jacques Chirac réaffirmerait néanmoins sa volonté de continuer à être jugé comme n'importe quel justiciable. " De toutes ses forces, il souhaite que le procès aille à son terme, car, pour lui, il a une dimension symbolique et politique majeure ", assure son gendre. " Si le procès s'arrêtait, les Français penseraient qu'il y a deux justices, l'une pour les puissants, l'autre pour les faibles. Et cela, Jacques Chirac ne le veut à aucun prix. " Il reste que ses troubles de mémoire ne lui permettront pas d'être jugé et de se défendre comme n'importe quel autre citoyen. Le tribunal pourrait d'ailleurs refuser que Jacques Chirac soit représenté par ses conseils, décider de reporter sine die le procès, ou encore demander une contre-expertise médicale. Ces décisions seront prises demain. UN PROCES D'UN FORT INTERET MEDIATIQUE Le procès doit s'achever le 23 septembre et suscite un très fort intérêt médiatique, le tribunal a reçu des demandes d'accréditation de 93 médias, dont 26 étrangers. Protégé pendant ses 12 ans à la présidence (1995-2007) par une immunité, Jacques Chirac doit répondre de faits remontant au début des années 1990, quand il était maire de Paris (1977 à 1995). M. Chirac est soupçonné d'avoir permis que des personnes travaillant essentiellement pour son parti, le RPR (ancêtre de l'UMP, le parti de l'actuel chef de l'Etat Nicolas Sarkozy), soient rémunérées par la mairie de Paris. L'ancien président n'a cessé de récuser l'existence d'un système organisé. Renvoyé devant la justice pour détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d'intérêt, Jacques Chirac encourt en théorie dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.