Une situation très complexe attend le nouveau Premier ministre, Cheikh Modibo Diarra Des arrestations de proches du président déchu, ATT, ont eu lieu hier à Bamako alors que rebelles touareg et représentants du gouvernement prenaient langue. Le président transitoire malien, Dioncounda Traoré, a procédé hier à la nomination au poste de Premier ministre de l'astrophysicien Cheikh Modibo Diarra dont la priorité sera de poursuivre le dialogue avec la rébellion touarègue et avec les islamistes armés qui contrôlent le nord du pays depuis plus de deux semaines. Toutefois, cette nomination fort attendue dans le cadre de l'application de l'accord de Ouagadougou de sortie de crise a été éclipsée par la vague d'arrestations opérée par des hommes armés sur des personnalités proches du président déchu, Amadou Toumani Touré (ATT). Parmi ces personnalités, figure l'ancien Premier ministre du président ATT, Modibo Sidibé, et Soumaïla Cissé, ancien ministre et ex-dirigeant de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa). D'autres hommes politiques et de chefs militaires, dont le directeur général de la police, le général Mahamadou Diagouraga, l'ancien ministre de la Défense, le général Sadio Gassama, et le général Hamidou Sissoko, chef d'état-major particulier de l'ex-président Touré, ont également été arrêtés lundi soir à leurs domiciles. Ils auraient été enlevés dans ce qui apparaît comme une reprise en main des choses par l'ex-junte militaire au pouvoir au Mali. Modibo Sidibé, tout comme Soumaïla Cissé, figuraient parmi les principaux candidats à la présidentielle initialement prévue le 29 avril, annulée de facto par le putsch. L'entourage de Dioncounda Traoré, président par intérim, a assuré lundi qu'il n'avait pas été informé que des arrestations allaient se produire. Une action unilatérale entreprise par les putschistes qui entendent montrer par ces arrestations qu'il va falloir compter avec eux au cours de la période de transition qui s'ouvre, même si elle tarde à se mettre en place. Concernant les causes de ces arrestations, un officiel proche de l'ex-junte a affirmé, lundi, que «le moment venu, on dira ce qu'on leur reproche». Des «détentions arbitraires» condamnées par la France qui réclame «le respect de l'Etat de droit», a déclaré hier le ministère français des Affaires étrangères. Ces arrestations ont aussi coïncidé avec la tenue dimanche à Nouakchott, des premiers contacts «officiels» entre la rébellion touarègue du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) et Tiebilé Dramé, émissaire du président malien par intérim Dioncounda Traoré. Marginalisée dans le Nord-Mali par Ansar Dine, appuyé par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), la rébellion touarègue qui a proclamé «l'indépendance» du Nord-Mali - unanimement condamnée au Mali et à l'étranger - a déclaré que l'«indépendance peut être négociée dans le cadre d'une fédération du Mali». Une concession, qui ressemble à une perche tendue au gouvernement de transition, qui ouvre la porte à la création d'un Etat fédéral au Mali. Une solution concevable et qui éviterait - surtout - l'atomisation du Mali. Pour sa part, Ansar Dine, qui est opposé à l'indépendance de l'Azawad, et veut imposer la chari'â au Mali, a également proposé de dialoguer avec les autorités de transition qui doivent être mises en place à Bamako. Très révélatrice, la déclaration faite dimanche par Oumar Ag Mohamed, un proche d'Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine, résume la ligne de conduite que veut suivre ce groupe islamiste. «Entre frères musulmans, on peut arriver à s'entendre. Mais il ne faut pas que les non-musulmans se mêlent de nos problèmes», a-t-il affirmé. Le dialogue sera mené par le gouvernement «d'union nationale» du Premier ministre de transition, Cheikh Modibo Diarra. Sur le volet sécuritaire, la Suisse a confirmé lundi l'enlèvement la veille d'une ressortissante suisse à Tombouctou tombée aux mains des insurgés. Le rapt de cette Suissesse porte à 21 le nombre d'otages enlevés au Sahel.