Issue d'une famille d'immigrés, elle a toujours eu le coeur qui a battu à gauche. C'est une des voix les plus précieuses des filles et des fils d'Algériens vivant en France. Fadéla Amara contribuera-t-elle à la défaite du président de la République française sortant? Il faut patienter encore quelques jours pour en être sûr. Il n'empêche que la sortie médiatique de l'ex-ministre de Sarkozy n'a pas laissé indifférents les proches de l'actuel locataire de l'Elysée. «Je vais voter pour François Hollande... qui est un humaniste...Dans ses meetings ou réunions, dans sa manière de toucher les gens, on retrouve quelque chose qui est de l'ordre d'une humanité portée, affichée et assumée... compte tenu de la crise et des difficultés que nous traversons, on a besoin justement à la tête de notre pays d'un homme capable de cette humanité, non seulement de l'incarner mais aussi de la transmettre et de transmettre cette dynamique au service de notre pays», a souligné Fadéla Amara dans une interview accordée au journal Libération. A droite, on n'est pas resté de marbre. «C'est une grande déception, en tout cas pour ce qui concerne Fadéla Amara, que je connais bien, que j'ai énormément soutenue dans l'action qu'elle a menée au gouvernement», a confié, dépité, Jean-François Copé le secrétaire général de l'UMP (Union pour la majorité présidentielle qui est devenue Union pour un mouvement populaire). Même la solidarité gouvernementale semble s'être fissurée. «Après Amara et Hirsch (Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, au sein du gouvernement Fillon, de 2007 à 2010, Ndlr), j'ai aussi des raisons personnelles d'être contre Nicolas Sarkozy, mais je voterai pour lui car il est le seul à oser affronter les problèmes de la France, sans démagogie, sans renoncer. Et moi, je le dis sans demander, ni quémander de postes...», a déclaré hier, l'ancienne ministre des Sports, Chantal Jouanno, sur le site du quotidien Le Monde. Elue sénatrice UMP de Paris depuis le mois de septembre 2011, elle a reconnu avoir eu «de vraies oppositions de fond avec Nicolas Sarkozy». Soutien de circonstance ou peau de banane? Vraisemblablement, le coeur n'y est pas. Fadéla Amara n'a pas tourné le dos à Sarkozy qui s'est voulu le chantre de l'ouverture à gauche et du métissage au début de son quinquennat. «Quel est l'objectif? Cela va faire parler, mais l'objectif c'est de relever le défi du métissage...le défi du métissage, la France l'a toujours connu et en relevant le défi du métissage, la France est fidèle à son histoire...» avait déclaré le chef de l'Etat français dans un discours prononcé le 17 décembre 2008, à l'Ecole polytechnique à Palaiseau (Essonne). La dérive droitière de la politique de l'immigration du désormais président-candidat allait mettre fin à ce «rêve». Exit Fadéla Amara, Rachida Dati, Rama Yade...de son staff gouvernemental. Fini le métissage. Place aux discours aux relents xénophobes. Après avoir fait parti du gouvernement Fillon (Premier ministre de Nicolas Sarkozy, Ndlr) de 2007 à 2010, c'est donc, un des symboles de la diversité qui rallie le candidat socialiste. L'ex-secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la ville rentre au bercail. Elle retourne à sa famille politique d'origine. Issue d'une famille d'immigrés, Fadéla Amara a toujours eu le coeur qui a battu à gauche. C'est Une des voix les plus précieuses des filles et des fils d'immigrés... algériens. Même si elle fait partie d'un gouvernement de droite elle n'a pas pour autant vendu son âme au diable. Elle a fait plus que hausser le ton lorsqu'elle s'est opposée à l'utilisation des tests ADN pour identifier les enfants d'immigrés dans le cadre du regroupement familial. «C'est dégueulasse» avait-elle déclaré. Les élus de la majorité présidentielle se sont offusqués qualifiant ses propos d' «injurieux». Des mots forts et puissants portée par une voix qui sera, sans aucun doute, multipliée par autant de voix de Français d'origine algérienne qui se rendront aux urnes le 22 avril pour le 1er tour et le 6 mai pour le second. Le débat sur l'identité, la laïcité, la viande halal... sont encore tout frais. Les musulmans de France en général et les Français d'origine algérienne, en particulier, n'ont pas la mémoire courte. Ils peuvent porter le coup de grâce au président sortant donné battu à plate couture par le candidat socialiste au second tour de la présidentielle. L'ex-militante de SOS racisme n'a pas donné de consignes de vote mais sa prise de position n'est pas restée sans écho...