Cela a commencé dans les stations-service de la wilaya de Blida mercredi dernier. Le lendemain, le phénomène s'est répandu sur celles de la wilaya d'Alger. A voir les longues files de voitures devant la pompe, il est clair que quelque chose ne «tourne pas rond» dans l'approvisionnement en carburants. Le P-DG de Naftal, cette filiale de Sonatrach qui a en charge cet approvisionnement, fait tout pour rassurer les automobilistes. Que «les produits pétroliers sont largement disponibles», que «toutes les stations fonctionnent normalement», qu'il «n'y a pas de pénurie» d'essence, qu'il «n'y a pas de problème dans la distribution»...Des affirmations qu'il n'y a pas lieu de mettre en doute. Pourtant, la perturbation n'est pas une hallucination. Les files de voitures ne sont pas imaginaires. Alors? Et si l'on vous disait que c'est un défaut de communication! Eh, bien oui! Il a suffi d'une nouvelle programmation dans la distribution. Le directeur de l'énergie et des mines de la wilaya de Blida, Moussa Bibi, nous apprend qu'il y a eu effectivement «des travaux d'entretien des stations de raffinage, conjugués à un léger retard des approvisionnements en provenance de l'étranger». Il rejette pourtant toute rupture des approvisionnements. Mais quand il ajoute que «la situation va se normaliser dès samedi (aujourd'hui) grâce à la mobilisation d'une flotte de camions pour approvisionner la wilaya à partir de la raffinerie de Sidi R'zine» située à El Harrach, dans la wilaya d'Alger, on comprend qu'il y a une «soudure» comme en agriculture pour désigner la période entre deux récoltes. Toute soudure présente des «boursouflures». Comme celle des camions livreurs d'un point A réorientés précipitamment vers un point B. Le risque zéro d'une telle manoeuvre, avec toutes les précautions du monde, n'existe pas. Donc et en définitive, la maintenance des stations de raffinage au moment même où l'importation accuse du retard, sont les deux facteurs combinés qui ont obligé les responsables de Naftal à réorienter leur programme. S'en est suivi, inévitablement, des décalages d'arrivée des camions-citernes dans des stations-service. Innocemment, le pompiste qui a forcément vent de la provenance des livreurs peut en parler à ses clients qui à leur tour... Ainsi se répand la rumeur qui crée la panique. La demande s'envole et rend caducs même les moyens d'avant la «crise». Un retour à la normale n'est jamais facile quand on communique après coup. Il était plus simple, par contre, d'informer les pompistes et le public de l'opération «Sidi R'zine» avant de la lancer. Si on s'excuse «des désagréments» qu'elle pourrait, éventuellement causer, c'est encore mieux. Si on pense à un dispositif d'accueil adapté dans les stations concernées, ce serait le top. L'essentiel est d'étouffer dans l'oeuf la rumeur qui prend quelquefois le départ d'une banale conversation comme on l'a vu plus haut. Ceci ne veut pas dire que ceux qui sont à l'affût du moindre dénigrement n'aient pas agi pour tenter de transformer une «surchauffe» en incendie. Comme pour la pomme de terre. Comme pour ces grèves qui «métastasent». Comme pour ces armes blanches qui apparaissent dans les stades. Attribuer tous ces signes au hasard ou à la coïncidence, c'est méconnaître les rudiments de la subversion. Il faut savoir qu'en cette période électorale décisive, pour tous les Algériens, aucun coup ne nous sera épargné par ceux qui cherchent à déstabiliser l'Algérie. C'est-à-dire tous ceux que le changement n'arrange pas. D'ici et de l'extérieur. Leurs intérêts différents (profits et politique), convergent cependant assez pour s'allier. Il n'y a pas de pénurie d'essence dans notre pays. Ni de pomme de terre. La seule pénurie réelle est celle de la communication!