Les observateurs de l'ONU chargés de surveiller un cessez-le-feu de plus en plus menacé en Syrie ont entamé hier leur deuxième semaine de mission par des visites à la périphérie de la capitale. «Les Casques bleus vont aujourd'hui (hier) non loin de Damas, dans les environs de la capitale», a déclaré Neeraj Singh, un responsable de l'équipe avancée de l'ONU. Selon lui, ils ont visité la ville rebelle de Zabadani, à 47 km au nord-ouest de Damas, théâtre régulier de manifestations anti-régime et de combats entre les troupes régulières et l'Armée syrienne libre (ASL) qui regroupe des déserteurs. Selon un militant sur place, Farès Mohammed, membre de Comités locaux de coordination (LCC, opposition), «la visite des observateurs a duré une demi-heure». L'équipe «poursuit son travail, effectuant des visites quotidiennes et établissant des contacts avec toutes les parties afin de préparer la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Mismnus)», a ajouté M.Singh. L'agence officielle syrienne Sana a annoncé de son côté la visite hier d'observateurs de l'ONU dans le quartier al-Waër à Homs (centre). Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé à Londres), des observateurs se sont également rendus dans la ville d'al-Bab, dans la province d'Alep (nord) au moment où les forces gouvernementales menaient des perquisitions et des arrestations. Dimanche, les observateurs s'étaient rendus dans les provinces de Homs et de Hama, dans le centre du pays. Depuis samedi soir, deux observateurs sont basés dans la ville de Homs, surnommée «la capitale de la révolution», à la demande des habitants qui redoutent de nouvelles attaques. Abou Yazen al-Homsi, militant sur place a dit douter du succès et de l'efficacité de cette mission. «Je ne comprends pas exactement l'objectif de cette mission. Si elle consiste à donner plus de temps au meurtrier Bachar (Al Assad), nous pouvons nous passer des observateurs», a-t-il réagi via Skype. «Les bombardements sur le quartier de Khaldiyé se sont poursuivis toute la nuit et jusqu'à l'aube sous les yeux et les oreilles des observateurs», a-t-il ajouté, précisant que des tirs avaient également retenti hier à Homs. Selon lui, le régime ne respecte aucun des points du plan Annan, «il n'a pas retiré les chars des villes et n'a libéré aucun détenu», a-t-il déclaré. Les forces gouvernementales ont tué trois civils dimanche à Homs, et trois autres dans les alentours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh), qui a recensé au total 17 morts - douze civils et cinq soldats - dans la journée à travers le pays. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi une résolution autorisant le déploiement rapide de 300 observateurs militaires non armés pour surveiller le cessez-le-feu en Syrie, dont les violations répétées ont fait plus de 200 morts, toujours selon l'Osdh, depuis son entrée en vigueur le 12 avril. Les violences en Syrie ont fait au moins 11 100 morts en 13 mois d'une révolte populaire qui s'est peu à peu militarisée face à la répression, et 25 000 personnes sont actuellement détenues, selon encore l'Osdh.