Un revers qui restera en travers de la gorge du leader du MSP Le leader du MSP a usé de toutes les stratégies pour gouverner le pays, y compris celle de former une alliance avec ses rivaux du FLN et du RND. La défaite des islamistes de l'Alliance de l'Algérie verte, aux élections législatives du 10 mai 2012, restera longtemps en travers de la gorge de Bouguerra Soltani. On ne rappellera jamais assez qu'il avait fait de 2012 l'année du rendez-vous de la mouvance islamiste avec l'Histoire. L'événement précède de moins de deux mois la célébration du Cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Que disait à ce propos le patron du MSP? «Vous savez, cette année-là (2012, Ndlr) coïncidera avec le 50e anniversaire de l'Indépendance du pays. Nous avons toujours prédit qu'il nous faut au moins un demi-siècle afin que la génération qui a libéré le pays transmette le flambeau à la génération de l´Indépendance. Nous avons coché cette date parce qu'elle coïncide avec le 50e anniversaire de l´Indépendance du pays. Et nous représentons justement cette génération et ses préoccupations futures», avait confié, le 29 août 2009, dans une interview accordée au quotidien arabophone Asharq el Awsat, le leader du Mouvement de la société pour la paix. La partie est désormais pliée. Le rêve brisé. Soltani doit attendre 2017 pour rêver à nouveau de conquête du pouvoir. Le sort de la mouvance islamiste est scellé. Cinq années de purgatoire pour Bouguerra Soltani qui doit fourbir, logiquement, ses armes dans l'opposition. Le patron du Mouvement de la société pour la paix paie cher et cash ses errances et ses inconséquences. Un opportunisme affiché qui devrait, probablement, lui coûter le leadership au sein de sa formation politique. Le revers qu'il vient de subir avec l'Alliance de l'Algérie verte, après avoir fait cause commune avec En Nahda et El Islah, deux formations politiques en pleine déconfiture qui ne comptaient que huit députés à elles deux au sein de l'Assemblée nationale sortante, ne peut être interprété que comme un mauvais calcul. Le MSP ne doit finalement n'en vouloir qu'à lui-même ou à son président. Il a creusé sa propre tombe. L'Alliance de l'Algérie verte n'a pu récolter que 48 sièges alors que le MSP en détenait 52 dans la précédente APN. Une déroute cinglante. C'est à se demander ce qu'est allé chercher Bouguerra Soltani dans cette affaire? Le pouvoir sans doute. Et pourquoi pas, une majorité absolue afin de gouverner, avec ses compagnons, pour imposer à l'Algérie leur projet de république islamique tant caressé. Les Algériens, qui gardent en mémoire les séquelles et les drames de la tragédie nationale (des années 1990) leur ont opposé une fin de non-recevoir. Le parti de Bouguerra Soltani a publiquement affiché son choix de société. «Le MSP inscrit son militantisme dans le cadre de la construction et l'ancrage des institutions nationales dans une République démocratique islamique cadrée par la Charte du 1er Novembre 1954», avait déclaré, à Oran, au mois de septembre 2008, le patron du Mouvement de la société pour la paix. Il a cependant continué à souffler le chaud et le froid. Les inconséquences en politique se paient cher. Bouguerra Soltani avait sans doute scellé le sort de la mouvance islamiste le jour où il avait décidé de quitter avec fracas l'Alliance présidentielle avec laquelle il avait en partage l'application du Programme du président de la République en participant aux différents Exécutifs où il détenait certains ministères (Tourisme et surtout celui des Travaux Public) de premier plan. Lorsqu'il a voulu tourner le dos à ses alliés d'hier, c'est de manière virulente qu'il les a attaqués. «Le FLN et le RND sont égoïstes. Ils voulaient faire du MSP et de ses cadres des coopérants techniques qu'ils ont fait participer à tous leurs projets», avait-il indiqué lors de sa participation à l'émission politique «Sans parti pris», sur Dzaïr web TV au début du mois d'avril. Le MSP aurait donc servi de faire-valoir. Il a été à ce point masochiste pour subir les «injonctions» de ses alliés au sein du gouvernement des années durant. Bouguerra Soltani y aurait prêté le flanc pendant une dizaine d'années. L'argument ne tient pas la route pour expliquer ce revirement. Le MSP dans des conditions aussi «humiliantes» aurait dû claquer beaucoup plus tôt la porte de l'Alliance présidentielle. Finalement, c'est celle de l'opposition qui s'ouvre à lui. A moins que, volte-face spectaculaire, Abdelaziz Belkhadem ne décide de lui tendre la main...