Si l'on se fie aux scores réalisés par les deux nouveaux partenaires du Mouvement de la société pour la paix lors des élections législatives et locales de 2007, la partie est loin d'être gagnée... Le leader du MSP a-t-il vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué? Flanqué de ses nouveaux partenaires, le successeur de feu Mahfoud Nahnah croit en son étoile. 2012 sera-t-elle l'année de la consécration de la mouvance islamiste en général et de Bouguerra Soltani en particulier? Le patron de la première formation politique, islamiste, du pays n'en doute pas. «Vous savez, cette année-là (2012, Ndlr) coïncidera avec le 50e anniversaire de l'indépendance du pays. Nous avons toujours prédit qu´il nous faut au moins un demi-siècle afin que la génération qui a libéré le pays transmette le flambeau à la génération de l´Indépendance. Nous avons coché cette date parce qu´elle coïncide avec le 50e anniversaire de l´indépendance du pays. Et nous représentons justement cette génération et ses préoccupations futures», avait confié, le 29 août 2009, dans une interview accordée au quotidien arabophone Asharq el Awsat, l'actuel leader du MSP. Même l'abstention ne fait pas peur aux trois compères de l'alliance verte. «Nous n'avons pas peur du boycott mais de la fraude électorale qui détourne les voix», a rapporté L'Expression dans son édition du 19 mars citant Fateh Rebaï, le président du parti En Nahda. Puis il affiche l'objectif de cette union: «Nous sommes sortis de l'esprit partisan étroit pour s'allier dans le cadre de 'l'Algérie verte'' dans le but d'écarter l'actuel gouvernement et constituer un gouvernement populaire», a-t-il déclaré le 17 mars dans un meeting qu'il a tenu à Oran. Que pèse actuellement cette «coalition islamiste» qui a comme objectif de rafler la mise? Retour sur les performances réalisées par chacun des trois partis qui la constituent lors des 3 grands rendez-vous électoraux qui ont marqué l'année 2007 pour faire une estimation. Lors des élections législatives du mois de mai 2007, En Nahda et El Islah n'ont pu arracher que huit sièges. Ces deux partis sont par contre sortis laminés du double scrutin du 29 novembre 2007(APC/APW). A eux deux, ils ont totalisé à peine 3% des suffrages exprimés. 160.399 voix et 207 sièges pour El Islah, ce qui représente un pourcentage de 1,48%. 219 sièges pour 160.759 voix ont été obtenus par En Nahda qui avait ainsi affiché un taux de 1,5%. Ces formations politiques menées à l'époque par Djahid Younsi (El Islah) et Fatah Rebeï pour En Nahda ne s´attendaient certainement pas à une pareille déconfiture. Qu´en était-il du MSP qui devrait servir de locomotive à ce «bloc» islamiste? Le Mouvement de la société pour la paix s'en était mieux sorti et a réussi à garder la tête hors de l´eau. Il a pu porter 52 de ses candidats à l'APN (Assemblée populaire nationale) améliorant son score de 2002 où il n'était représenté que par 38 députés au sein du Palais Zighout Youcef. Si, toutefois, pour les APW(Assemblée populaire de wilaya) il a pu conserver de justesse la 3ème place, il a été coiffé sur le fil par le FNA qui l'a éjecté du «podium» en ce qui concerne les APC. 11,29% des suffrages exprimés et 1578 sièges pour le Front national algérien. 10,69% des suffrages exprimés et 1495 pour le Mouvement de la société pour la paix. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le MSP a quitté «l'Alliance présidentielle» tout en restant dans un gouvernement que ses alliés de «l'Algérie verte» promettent d'écarter. Son parti a dû faire face à un sévère mouvement de redressement incarné par Abdelmadjid Menasra, un de ses ex-fidèles lieutenants qui a créé son propre parti et qui ne lui fera pas de cadeau. El Islah et En Nahda n'ont pas encore fait le deuil de celui qui leur a donné naissance. Abdallah Djaballah avait fait du premier parti cité (El Islah) la troisième force politique du pays en remportant 43 sièges lors des élections législatives de 2002, avant d'être évincé, contraint et forcé de le quitter. A la tête d'une nouvelle formation politique, le Front de la justice et du développement (FJD), il sera en lice pour le scrutin du 10 mai 2012 et s'annonce comme un trublion en puissance. Autant d'indices qui montrent que pour Soltani et «l'Algérie verte», c'est loin d'être gagné...