Cette année les vieux réflexes ont, comme par enchantement, repris du poil de la bête. La commémoration des dates qui ont fait l'histoire de notre pays, sont franchement en passe de replonger dans le folklore; qui les a caractérisées des années durant. L'avènement des archs en 2001 a permis à la commémoration de se débarrasser du cachet officiel pour se dérouler dans une ambiance purement populaire. Mais ce n'était que conjoncturel, étions-nous tenté de conclure. Sinon comment expliquer l'acharnement des animateurs à occuper seuls le terrain en 2001 et 2002 et le geste purement conjoncturel dont ils ont fait preuve cette année. S'agit-il d'une démobilisation qui fait présentement défaut et peur aux archs ou alors une affaire d'utilité en ce sens que politiquement les commémorations ne rapportent plus? Si durant les deux premières années ayant succédé aux événements d'avril 2001 la célébration des dates symboles de la nation avaient eu lieu dans une symbiose parfaite avec en prime une participation record des citoyens qui découvraient l'importance de ces cérémonies réflexes dans la vie d'une nation, cette année, les vieux réflexes ont comme par enchantement, repris du poil de la bête. Le terrain est tout simplement de nouveau abandonné aux officiels. Cette fois-ci la célébration du 1er Novembre 1954 est loin de rappeler une journée qui a déterminé l'avenir de toute une nation. Même les archs, qui ont eu le mérite par deux fois de réhabiliter cette date dans son caractère populaire, ont sombré dans le protocolaire en se contentant d'unr simple déclaration politique. «La réappropriation de la mémoire du peuple», brandie depuis deux années, n'est-elle plus à l'ordre du jour? Une interrogation fort légitime eu égard au manque d'intérêt qu'a suscité cette journée à Béjaïa. L'option du mouvement citoyen pour une simple déclaration a non seulement, ouvert la voie aux officiels qui ont manqué cette date par les rituels dépôts de gerbes de fleurs mais a, aussi, laissé perplexes plus d'un se demandant s'il ne fallait pas perpétuer le caractère populaire des commémorations afin d'inculquer aux générations montantes des habitudes en mesurede pérenniser la mémoire collective. La célébration du 49e anniversaire du déclenchement de la Révolution 1954-1962 a été, contrairement aux deux dernières années, dominée à Béjaïa par les activités officielles. Dans la majorité des localités de la région, les autorités locales et la wilaya se sont jointes aux organisations de moudjahidine pour s'associer dans cette célébration qui pour certaines régions, est vraiment sortie de l'ordinaire. Ce fut le cas à Akfadou où les autorités locales, les moudjahidine, les enfants de chouhada et beaucoup de citoyens s'étaient retrouvés le temps d'une soirée pour parler de la révolution. L'histoire locale et la fédération de France ont été les thèmes qui ont dominé les débats qui ont duré jusqu'au trois coups de minuit. Côté mouvement citoyen, la Cicb s'est contentée d'une déclaration de circonstance dans laquelle elle rappelle que «le 1er Novembre 1954 restera à jamais la date symbole du déclenchement d'une révolution émancipatrice du peuple algérien» n'omettant pas d'inviter «les Algériennes et les Algériens au recueillement et au souvenir». La présidence tournante de la Cicb fait aussi un parallèle entre le combat d'hier et celui d'aujourd'hui en jugeant que «si nos aînés ont libéré l'Algérie du colonialisme, la jeunesse de 2003 libérera l'Algérie de l'injustice et de la hogra du pouvoir mafieux et assassin».