Le ministre des Affaires étrangères participe à cette rencontre renforcé par un verdict électoral A peine audible il y a quelques mois, Mourad Medelci parlera, lors de ce forum, et il sera écouté avec beaucoup d'intérêt par les Arabes. Fini le temps où le ministre des Affaires étrangères se faisait discret à Doha. A l'invitation de Cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jaber Al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mourad Medelci sera le guest star lors des travaux du 12e forum de Doha prévu du 20 au 22 mai. La rencontre sera consacrée à l'examen de plusieurs questions, notamment «la situation internationale aux plans économique et politique, la démocratie, le développement, la réforme politique et financière, ainsi que la préservation de la sécurité et de la stabilité internationales», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le grand art, c'est de durer, disait un chancelier allemand. Convenons que, sur ce chapitre, le régime algérien a étalé sa dextérité face à la tempête des révoltes arabes. Tel un roseau, il s'est redressé une fois la bourrasque passée. A peine audible il y a quelques mois, Mourad Medelci parlera, lors de ce forum, et il sera écouté avec beaucoup d'intérêt par les Arabes. Il mettra en avant les réformes politiques et socio-économiques engagées par l'Algérie «pour l'approfondissement du processus démocratique, notamment le succès des dernières législatives et la consécration de la participation de la femme et des jeunes dans la vie politique et socio-économique du pays dans le cadre de l'édification de l'Etat de droit», ajoute le communiqué. Des chefs d'Etat et de gouvernement et plusieurs personnalités politiques et décideurs prendront part aux travaux du forum aux cotés d'hommes d'affaires, d'académiciens, de parlementaires et de représentants de la société civile et d'organisations internationales et régionales. M.Medelci participe à cette rencontre renforcé par un verdict électoral qui a disqualifié la diplomatie kaki à laquelle s'initiait Doha. Le miracle électoral ne s'est pas produit et la vague verte n'a été qu'une rumeur en Algérie. Les élections législatives du 10 mai ont laminé la mouvance islamiste sur laquelle misaient bien des Etats. L'islamisme n'est pas une fatalité et le péril vert n'est pas la seule alternative en Algérie. S'il faut parler de miracle, c'est ce contresens qu'a pris l'Algérie déjouant tous les calculs et toutes les prévisions des observateurs les plus avertis. Qui aurait dit, en effet, que l'Algérie, mise à feu et à sang il y a à peine quelques années, allait échapper à un gouvernement islamiste? Même si le verdict des urnes est très contesté par les partis politiques, cela reste un problème entre Algériens. Car, cela n'a pas été accompli par une quelconque puissance occidentale venue nous extraire des griffes de l'islamisme comme l'Amérique a sauvé l'Europe du nazisme durant la Seconde Guerre mondiale. Cela s'est passé entre Algériens, quitte à se chamailler, à contester et à manifester ensuite. Car du principe de la non-ingérence, l'Algérie en fait presque une religion et le Qatar plaide l'exact contraire. D'ailleurs, les frictions entre les deux pays ont commencé avec les révoltes arabes au sujet desquelles la position algérienne n'a jamais été du goût de Doha. Cette dernière, adepte de l'internationalisation des crises dans les pays arabes, s'est à chaque fois heurtée à une position algérienne réaffirmant le principe immuable de non-ingérence. La première salve ayant inauguré les hostilités diplomatiques entre Alger et Doha a retenti quand cette dernière a décidé unilatéralement, en août 2010, la suspension de délivrance des visas aux Algériens. Une décision perçue comme une «sanction» contre les hésitations d'Alger de reconnaître le CNT libyen. S'en est suivie ensuite la terrible pression diplomatique sur Alger au sujet de la crise syrienne. Entre-temps, le printemps arabe s'est transformé en hiver islamiste, l'Algérie a réussi son test électoral, les observateurs européens n'y ont vu que du feu et le régime algérien s'est redressé et Mourad Medelci ira en guest star à Doha: «Le grand art c'est de durer», disait le chancelier allemand.