Les prix vont-ils baisser? Eleveurs et consommateurs regrettent l'encouragement de l'importation aux dépens de la production nationale. En prévision du mois sacré du Ramadhan 2012, l'entreprise Frigomedit (entrepôts frigorifiques de la Méditerranée) a importé ces dernières semaines, 9000 tonnes de viandes rouges, et quelque 5500 tonnes de lait en poudre, a-t-on appris de sources crédibles. Afin de répondre aux besoins du marché national en matière de viande bovine, cette entreprise étatique, spécialisée depuis de longues années dans l'importation et la commercialisation du produit, a pris toutes les dispositions nécessaires bien des mois à l'avance. Selon notre source, la quantité qui a été importée d'Inde vient en appoint pour satisfaire la demande du marché national, y compris le ministère de la Défense. S'agissant des prix qui seront appliqués, on ignore à présent le prix qui sera décidé pour la vente au détail. Notre insistance auprès de la direction générale de Frigomedit, pour de plus amples informations, s'est avérée vaine. Par ailleurs, l'importation en quantités très importantes de viande congelée, devra influer sur la disponibilité du produit, d'une part, et la baisse des prix, d'autre part. Joint par téléphone, M.Hadj Tahar Boulanouar, représentant de l'Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens) est revenu longuement sur le sujet de l'importation de la viande congelée. Tout en regrettant l'encouragement des importations aux dépens de l'encouragement des éleveurs nationaux, Hadj Tahar regrette la précipitation du ministère de l'Agriculture qui délivre les autorisations d'importation de la viande rouge pour le mois de Ramadhan. Appelant les pouvoirs publics concernés, afin d'annuler les autorisations d'importation de la viande congelée, Hadj Boulanouar avance: «L'importation de la viande congelée n'apporte aucune valeur ajoutée pour le consommateur», dit-il. D'une part, on relève la baisse de la qualité du produit de 50% en matière de nutrition. D'autre part, les prix restent inchangés. Selon Hadj Boulanouar, l'Algérie importe une moyenne de 60.000 tonnes de viande /an. Le montant de la facture a été estimé à 300 millions de dollars. L'alimentation du bétail étant la partie la plus importante en matière d'élevage, les pouvoirs publics concernés sont, d'ores et déjà, appelés à développer ce créneau, afin de réduire la facture de l'importation de l'aliment du bétail. En 2011, l'Algérie a déboursé 10 milliards de dollars pour l'alimentation du bétail. Le pays dépensera encore plus d'argent pour répondre aux besoins du marché national de l'alimentation. «La facture de 2012 peut atteindre 14 milliards de dollars», selon Hadj Boulanouar qui a plaidé pour l'encouragement des éleveurs et non des importateurs. Alaouchiche Laâla, producteur à Béjaïa, éleveur très respecté à l'échelle nationale, dira à propos des mesures qui devront les accompagner: «Afin d'améliorer la production nationale, il faut commencer d'abord par la sensibilisation des autorités locales à faciliter les tâches. La bureaucratie et les lacunes de gestion, sont beaucoup plus importantes au niveau des APC qu'au niveau ministériel.» Souffrant d'une piste agricole de 1,5 km dégradée, cet éleveur peine à joindre sa ferme référence qui accueille même des universitaires pour les besoins de leur formation de vétérinaire. «Qu'on nous laisse travailler, au moins par amour du pays et pour l'intérêt général de la population», lance-t-il.