L'éviction du premier secrétaire fédéral de Béjaïa relance la contestation de la direction du parti, à sa tête Hocine Aït Ahmed. La crise persiste au FFS. La base militante monte de nouveau au créneau. La colère du Zaïm, qui s'est matérialisée à Béjaïa avant même qu'elle soit rendue publique, n'a pas laissé indifférente la base militante déjà remontée contre la décision de participation aux législatives du 10 mai dernier. L'éviction du premier secrétaire fédéral de Béjaïa relance la contestation de la direction du parti, à sa tête Hocine Aït Ahmed. Le conseil fédéral de Béjaïa, qui s'est réuni avant-hier samedi en session extraordinaire, est allé dans ce sens. Les cadres du parti n'ont pas apprécié la suspension de Farid Khelaf, premier secrétaire fédéral de la wilaya, allant jusqu'à la dénoncer dans la résolution sanctionnant les travaux de la session ordinaire, le conseil fédéral l'estime, conséquemment «nulle et non avenue», exigeant même «sa réhabilitation immédiate et sans condition». Voilà qui donnera du fil à retordre au Zaïm. Déjà miné par une dissidence en sourdine, le plus vieux parti d'opposition n'est pas près de quitter la zone rouge. La contestation se fait au grand jour et ce sont carrément des structures de wilaya qui ne sont pas des moindres, qui l'affichent publiquement. Le conseil fédéral de Béjaïa, considéré comme le plus important au plan national, donne le ton de ce qui s'apparente à un profond mécontentement, aggravé par une volonté, à peine voilée, de faire partie du prochain gouvernement, le FFS vit les pires moments de son existence. D'ores et déjà, une demande est faite pour la tenue d'un conseil national extraordinaire, jugée par le conseil fédéral de Béjaïa comme «seule instance habilitée à se prononcer sur les stratégies du parti, dans les meilleurs délais». Les cadres du parti à Béjaïa sont loin d'agréer l'option de Aït Ahmed matérialisée par des sanctions à l'égard de tous ceux qui se sont opposés à la participation, eux qui souhaitaient celle d'«un rassemblement plus large des énergies militantes», afin, ajoute le conseil fédéral, de «mettre un terme aux reniements successifs et aux pratiques incompatibles avec l'éthique démocratique que prône notre formation politique». «Il est bien facile de mettre la débâcle sur le compte de quelque comportement déviant et justifier, du même coup, une chasse aux sorcières qui, du reste, a déjà commencé. Les conséquences seront tragiques, tant pour le parti, que pour le pays», écrivent encore les participants au conclave du conseil fédéral de Béjaïa. La cascade de sanctions qui prendra forme dans les prochains jours à la faveur de l'instruction de Aït Ahmed rencontre déjà une opposition farouche. La solidarité qui s'est manifestée à l'endroit de la première victime, en l'occurrence Farid Khelaf, suspendu de ses fonctions lors de la campagne électorale, est un premier signe qui n'a de valeur que d'illustrer le refus de la base militante, d'accepter «les décisions hasardeuses, qui mèneront le parti droit dans le mur», pour reprendre ce commentaire d'un militant de la vallée de la Soummam». Il est utile de rappeler que le Zaïm Aït Ahmed a instruit les instances dirigeantes du parti de prendre «des mesures exemplaires» à l'encontre des membres du parti ayant eu «des comportements indignes» pendant la campagne électorale des législatives. Farid Khelaf est la première victime de ces mesures qui risquent de toucher également les 150 cadres, dont il dit faire partie, pour révéler les pratiques antidémocratiques au sein du parti, dans un rapport détaillé adressé au président. La riposte du conseil fédéral de Béjaïa fera-t-elle reculer le Zaïm? La question reste posée. Toujours est-il que la réaction du conseil fédéral de Béjaïa et les révélations du cadre concerné n'y sont pas pour illustrer l'ampleur de la crise qui s'est faite plus conséquente à la faveur de la participation aux législatives. Même si les tiraillements ne sont pas nouveaux au sein du plus vieux parti d'opposition, il reste que c'est la première fois que le président va jusqu'à demander publiquement des sanctions. Il en est de même pour la réaction de toute une structure qui s'y est opposée de la même manière. C'est dire la profondeur du malaise qui mine ce parti.