Le président américain Barack Obama a personnellement supervisé une procédure top-secrète destinée à déterminer quels membres présumés d'Al Qaîda devaient être placés sur une liste de personnes à abattre, rapporte le New York Times hier. L'administration américaine a établi cette liste dans le cadre de la guerre menée avec des attaques de drones contre Al Qaîda et ses branches au Pakistan et au Yémen, selon le quotidien, qui cite des dizaines de hauts responsables et anciens conseillers. «Il (Obama) est déterminé à prendre les décisions sur l'étendue et la portée de ces opérations», a déclaré au journal Thomas Donilon, conseiller pour la Sécurité nationale. «Il pense qu'il est responsable de la position des Etats-Unis dans le monde». Une centaine de responsables du contre-terrorisme ont épluché des biographies avant de proposer de placer sur cette liste des suspects agissant au Yémen et en Somalie au cours d'une vidéo-conférence sécurisée organisée par le Pentagone, écrit le journal. La CIA fait de même pour les suspects au Pakistan. Les noms ont ensuite été communiqués à Barack Obama, qui autorise chaque frappe au Yémen et en Somalie ainsi que certaines opérations sensibles au Pakistan. Le président Obama doit approuver personnellement le fait de tuer les suspects, comme le prédicateur d'Al Qaîda Anwar al-Awlaqi - un citoyen américain - abattu par une frappe d'un drone américain au Yémen l'année dernière. Obama a qualifié de «facile» la décision de tuer Awlaqi, selon l'ancien chef de cabinet de la Maison blanche William Daley, cité par le Times, qui a ajouté que certains responsables s'étaient montrés sceptiques sur l'efficacité de cette «kill list». «Un homme est tué et son chauffeur, qui était N.21, devient N.20?», écrit le Times en citant William Daley. «A un moment donné, il ne s'agit que de faire du remplissage avec des chiffres», a-t-il dit. Le journal a également rapporté un débat interne sur la méthode controversée de l'administration pour compter les victimes, selon laquelle tout homme en âge de combattre localisé dans un certain rayon d'un suspect est considéré comme un insurgé.