Le président de la République a effectué une courte visite de travail dans la wilaya de Bouira. Comme nous l'avons rapporté dans nos précédentes éditions, un seul point était prévu au programme. L'inauguration du contournement de la ville de Bouira. Ce tronçon de l'autoroute est-ouest va de Zeboudja jusqu'à la sortie est du chef-lieu de wilaya, sur une distance de 17 km, en passant par la commune de Aïn Turk. Avec la réception, dans deux années, du viaduc de Oued Eroukham et des tunnels de Djebahia, le tracé permettra aux usagers non seulement d'éviter des déconvenues mais surtout la réduction du nombre d'accidents qui sont enregistrés quotidiennement sur la RN5. Lors de son passage, le président a insisté sur la mise en place d'un dispositif d'entretien des réalisations et sur l'obligation de veiller au respect des délais pour les réalisations toujours en cours. Avant de repartir le président a officiellement lancé le début des travaux du tronçon qui reliera Bouira à El Adjiba à 25 km à l'est du chef-lieu. La visite n'a pas suscité d'engouement si on excepte les quelques personnes ramenées par le comité local de soutien. Les populations ont vaqué à leurs occupations notamment les emplettes de ce mois sacré du Ramadan. La Cccw Bouira a, de son côté, mis à exécution son programme en organisant un sit-in de protestation au niveau de la place publique. Une large banderole noire a été déployée, sur laquelle était écrit Abane et Guermah même combat. L'initiative qui est à mettre à l'actif des comités de Haïzer et Taghzout a connu une totale réussite. Le comité de M'chedallah, lui, a préféré manifester son refus devant le siège du cabinet où les délégués ont qualifié les présents de «taiwanais». Cette visite minuscule par son contenu restera grande par sa symbolique. En rentrant pour la première fois dans une wilaya à forte densité berbérophone, le président a voulu tester la mobilisation citoyenne. Les comités archs en évitant de recourir à des actions virulentes et en privilégiant le sit-in veulent montrer que le mouvement reste pacifique, citoyen et civilisé. Pour l'humble citoyen rencontré dans les marchés de la ville, cette visite est une autre preuve que Bouira ne bénéficie d'aucune estime de la part des responsables de ce pays. Là où il est parti, le président a donné de l'argent, a inauguré des projets et mis en route d'autres, ici il visite un tronçon d'une autoroute qui accuse retard sur retard et repart. A quand une visite digne de ce nom? se demandent les citoyens de Bouira. A peine le président parti, la ville de Bouira a connu un rassemblement au niveau de la place des Martyrs et une marche à travers ses artères où des centaines de personnes étaient regroupées pour dire non à ce déplacement. La matinée déjà un groupe composé en grande partie d'animateurs du mouvement avait observé un sit-in sur la place des Martyrs au centre-ville loin du lieu de visite. Dans l'après-midi, profitant de la forte densité des Bouiris qui passent le temps à faire des achats en attendant le f'tour, les animateurs des comités de Haïzer, Taghzout, Bouira, M'chedallah, Ath Laâziz, Bechloul mais aussi le comité autonome de El Esnam ont pris la parole pour refuser la visite d'un président qui ne tient pas ses engagements. L'action avait été retenue dans le conclave tenu dans la nuit de lundi à mardi à M'chedallah. Cette réunion a aussi statué sur le sort à donner à la proposition de dialogue du pouvoir. Le principe d'aller vers la table de néguciations n'étant plus à l'ordre du jour, les conclavistes ont longuement discuté le document de mis en oeuvre de la plate-forme et adopté le principe d'une concertation et d'un consensus unanime avant toute démarche engageant le mouvement citoyen. Concertation double à l'échelle locale et par rapport à l'interwilayas. Hakim Kacimi nous confiera que la période est à l'optimisme et que le réalisme prédomine dans les rangs. Pour Meziane Chaâbane, le délégué de Haïzer, le document est au stade de finalisation et sa proposition devant les membres de la coordination avant l'interwilayas est imminente. Le moment est plus que jamais grave et l'unité des rangs doit être de mise ajoutera le délégué de Haïzer. A la question concernant la visite-éclair du président à Bouira, les délégués considèrent que ce déplacement est une provocation et rien d'autre. Le mouvement saura répondre et se faire entendre le moment venu.