C'est un auteur prolifique, très connu dans la région de Kabylie Younès Adli, docteur en langues, littératures et sociétés, est actuellement l'écrivain kabyle le plus prolifique. En plus, tous ses livres sont écrits dans le strict respect des normes universitaires requises pour ce genre de recherches. Jeudi dernier, durant toute l'après-midi, les lecteurs n'ont pas cessé d'affluer à la librairie Cheikh de Tizi Ouzou où l'auteur et universitaire Younès Adli a dédicacé le deuxième tome de son livre «Les efforts de préservation de la pensée kabyle au XVIIIe et XIXe siècle». C'est un rendez-vous culturel qui a permis à beaucoup d'universitaires et autres lecteurs de rencontrer Younès Adli durant plus de trois heures. Younès Adli est un auteur prolifique très connu dans la région de Kabylie où il a notamment enseigné au niveau du département de langue et culture amazighes de l'université Mouloud-Mammeri. Il a été également fondateur et directeur de l'hebdomadaire régional d'information générale, Le pays-Tamurt qui paraissait en Kabylie dans les années 1990. Le deuxième tome de son livre La pensée kabyle a été précédé par plusieurs autres. C'est en 2000 que l'auteur a publié, à compte d'auteur, son premier livre « Si Mohand Ou M'hand, errance et révolte. » Une année plus tard, le même livre, compte tenu de l'écho qu'il a obtenu auprès du lectorat, a été réédité aux éditions Paris-Méditerranée et chez Edif 2000. «Arezki Lbachir », deuxième livre de Younès Adli a été édité également en 2001. En 2003, Younès Adli cosigne un beau livre avec Youcef Necib, intitulé « Si Mohand, crépuscule du printemps ». Ce livre a été illustré par Kamal Yahiaoui. En 2004, Younès Adli investit un autre créneau, celui de l'histoire, en publiant aux éditions Zyriab d'Alger : « La Kabylie à l'épreuve des invasions : des Phéniciens à 1900. » Le premier roman de Younès Adli, intitulé « Les Nubel » a été publié en 2008 aux Editions franco-berbères « Vel Le Chatel ». C'est en 2010 qu'a été publié le premier tome de « La pensée kabyle ». Quant au deuxième tome, qui été présenté jeudi dernier à l'occasion de la vente-dédicace organisée à la librairie Cheikh de Tizi Ouzou, il revient sur les aspects sociologiques et spirituels de la société kabyle d'antan. L'auteur, après des recherches ayant duré plusieurs années, a pu restituer une masse d'informations précieuses sur le mode de fonctionnement de cette société avec notamment la mise en valeur de la primauté du spirituel sur le matériel. Le lecteur du livre de Younès Adli pourra également s'imprégner de plusieurs autres facettes comme : la place prépondérante de la famille dans la communauté villageoise, la littérature orale garante de la langue kabyle, la mise en mouvement de la poésie et du conte, la philosophie morale et politique de la société kabyle. L'auteur avance dans sa recherche en abordant d'autres problématiques de son thème principal comme l'esprit de conquête et de domination en milieu rural et en milieu citadin. Puis, Younès Adli bifurque sur la question de l'exil et des déportations en décortiquant les questions cardinales liées à l'attachement à la terre. En lisant le deuxième tome du livre de Younès Adli, on ne peut ne pas regretter une époque révolue aujourd'hui pour une multitude de raisons. Il s'agit de celle où la primauté du spirituel sur le matériel faisait office de repère immuable. Younès Adli souligne, à ce propos, que dans ses habitudes profondes, le Kabyle (d'hier, bien sûr) ne se considère pas riche en acquérant un bien ni pauvre en ne possédant rien. L'auteur précise que ce raisonnement se retrouve à la base même de l'organisation traditionnelle : « Le grand possédant, l'homme riche comme nous l'aurions qualifié de nos jours, ne peut transformer sa richesse matérielle en pouvoir ou utiliser celle-ci pour y accéder. Il ne peut, à aucun moment, l'exploiter à des fins d'influence, et la coutume ne leur permet point de l'exhiber à son bon vouloir. » Younès Adli nous apprend ou nous rappelle, c'est selon, qu'en règle générale, chaque villageois possède ses propres terres mais en possédant moins ou peu de richesse matérielle, il ne se considère pas pour autant diminué. Le seul cas où il peut se considérer en état d'infériorité reste devant la force divine, qu'il reconnaît lui être supérieure : c'est seulement devant cette force que la pauvreté devient un terme qui peut convenir à l'homme, mais en aucun cas, ni circonstance, il ne pourrait s'appliquer à Dieu. Quand est-ce que donc un Kabyle pouvait être qualifié de riche par ses pairs ? Younès Adli répond que dans le milieu kabyle, c'est par le dit et ses métaphores, la loyauté, la bravoure, la science et la connaissance et la valeur du serment et de la parole donnée que l'homme peut prétendre au qualificatif de riche. Il s'agit là de valeurs immatérielles qui définissent l'argaz (homme), et lui octroient en même temps le rang social qui lui est dû. Dans la même lancée, et avec autant de précisions, Younès Adli dissèque les autres thèmes de son livre. Pour écrire son ouvrage, Younès Adli s'est basé, en plus de ses propres connaissances dans le domaine et des témoignages d'une riche bibliographie. Plusieurs ouvrages de référence ont été nécessaires pour permettre à Younès Adli d'aboutir à cet ouvrage que chaque Algérien doit avoir dans sa bibliothèque pour ne pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps, tout le monde savait que l'argent ne fait pas le bonheur et surtout, ne rend pas homme.