La Chine a jugé hier «inopportun» la décision des Etats-Unis de redéployer la plus grande partie de leur flotte navale vers l'océan Pacifique et a demandé à Washington de respecter ses intérêts dans cette région. Samedi, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, avait, lors d'un sommet à Singapour, annoncé que «d'ici à 2020, la Marine allait repositionner ses forces dans une proportion d'environ 50%-50% actuellement entre le Pacifique et l'Atlantique vers un 60%-40% en faveur du Pacifique - y compris six porte-avions, ainsi que la majorité de (ses) navires et sous-marins». «Toutes les parties devraient s'efforcer de sauvegarder et promouvoir la paix, la stabilité et le développement en Asie-Pacifique», a déclaré hier le porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères Liu Weimin, interrogé lors d'un point de presse sur l'annonce américaine. La décision de «renforcer le déploiement militaire et les alliances pour donner la priorité (aux questions) militaires et de sécurité est inopportune», a-t-il ajouté. «Nous sommes favorables à ce que les Etats-Unis jouent un rôle constructif dans la région Asie-Pacifique», a dit le porte-parole, avant d'espérer que «la partie américaine respectera les intérêts et préoccupations de toutes les parties en Asie-Pacifique, Chine comprise». L'annonce américaine intervient alors que les inquiétudes se sont multipliées dans la région Asie-Pacifique sur les ambitions croissantes de la Chine qui renforce ses dépenses militaires et affirme de plus en plus sa souveraineté maritime. La décision de déployer davantage de navires vers le Pacifique parallèlement au renforcement de partenariats militaires dans la région fait partie d'un effort «délibéré» destiné à dynamiser le rôle des Etats-Unis dans une zone vitale pour l'avenir des Etats-Unis, avait expliqué M.Panetta. Mais le secrétaire à la Défense avait pris soin d'assurer que cette stratégie ne constituait pas un défi à la Chine, soulignant que les deux pays avaient au contraire un intérêt commun au développement de la sécurité et du commerce dans la région Pacifique. La Chine avait immédiatement réagi par le biais de l'agence officielle Chine Nouvelle, en assurant que ce n'était pas le moment de «faire des vagues» en mer de Chine méridionale, actuel terrain de disputes territoriales, et dénonçant «le concept très surévalué de -menace chinoise- à la liberté de navigation en mer de Chine méridionale.»