L'armée bombardait hier à l'artillerie lourde plusieurs localités en Syrie défendues farouchement par les rebelles, à deux jours d'une rencontre des alliés russe et iranien du régime syrien. Au lendemain d'une journée de violences durant laquelle 63 personnes ont péri, la répression de la révolte qui entre cette semaine dans son 16e mois et les combats entre soldats et insurgés ont encore fait lundi 26 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). L'armée a bombardé à l'aide d'hélicoptères la ville de Rastane dans la province de Homs (centre), dont elle tente de reprendre le contrôle depuis des mois, a précisé cette ONG, «unique» source d'information sur la situation en Syrie. Dans la même province, des rebelles ont attaqué un barrage de l'armée faisant «des morts et des blessés». Dans la province de Deir Ezzor (est), la localité d'Al-Achara était la cible d'un pilonnage qui a coûté la vie à quatre civils et un déserteur. Des combats y ont en outre éclaté entre combattants rebelles et soldats dont six ont été tués, a poursuivi l'OSDH. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), sept civils ont été tués, dont quatre par la chute d'un obus sur leur champ, et quatre membres des forces de sécurité ont péri dans une attaque à l'explosif contre leur patrouille, a ajouté l'ONG. Dans la province de Hama (centre), trois civils ont trouvé la mort dans des opérations menées par les forces de sécurité pour étouffer la contestation, et un franc-tireur a été tué, selon la même source. Les combats se sont intensifiés ces derniers jours dans plusieurs villes du pays, l'Armée «syrienne» libre (ASL), formée principalement de militaires dissidents et de nombreux mercenaires arabes, faisant subir des pertes de plus en plus lourdes aux troupes du régime. Plus de 14.100 personnes ont péri depuis le début de la révolte déclenchée le 15 mars 2011 par des manifestations mais qui s'est militarisée face à la répression, selon l'OSDH. Le chiffre de 14.000 morts, qui n'est confirmé par aucune source indépendante est donné sous toute réserve. Le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan est resté lettre morte et les grandes puissances restent divisées sur les moyens de régler la crise, l'Occident réclamant des sanctions et un départ de M.Assad alors que Russes et Chinois rejettent toute ingérence dans le pays. Dans ce contexte, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, se rend demain en Iran pour discuter notamment du dossier syrien. Téhéran est le principal allié de Damas dans la région et a été accusé de lui fournir armes et expertise pour la répression. La Russie a proposé la tenue d'une conférence internationale sur la Syrie pour tenter de sauver le plan Annan et insisté sur la présence de l'Iran à cette conférence, en dépit des fortes réserves des Etats-Unis. De l'autre côté de l'échiquier, Washington, Paris et Londres préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité incluant une menace de sanctions, ont indiqué des diplomates à New York le 8 juin, en précisant qu'il serait prêt dans les prochains jours. Mais cette résolution risque fortement d'être bloquée comme dans le passé par Pékin et Moscou. Les Etats-Unis et l'Union européenne imposent déjà des sanctions unilatérales à Damas. Dimanche, Abdel Basset Sayda, le nouveau chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a dit qu'il oeuvrerait pour que le plan Annan «soit inclus sous le chapitre VII» de l'ONU, ce qui permettrait des sanctions économiques, voire un usage de la force. Il a aussi appelé «tous les officiels du régime et dans les institutions à faire défection». «Nous entrons dans une phase sensible. Le régime touche à sa fin. Les massacres qui se multiplient et les pilonnages montrent qu'il se débat».