Les «trois présidences» tunisiennes (République, Assemblée constituante et gouvernement) ont dénoncé hier des «groupes extrémistes qui menacent les libertés» mais ont aussi condamné «l'atteinte au sacré», en référence à une exposition qui a suscité les violences en Tunisie. Il est nécessaire de «déjouer les plans des provocateurs et des extrémistes (qui) tentent de perturber le pouvoir et de semer la terreur», selon un communiqué de la présidence tunisienne, au nom du chef de l'Etat Moncef Marzouki, du président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar et du chef du gouvernement Hamadi Jebali. Les «groupes extrémistes menacent désormais les libertés, s'arrogent le droit de se substituer aux institutions de l'Etat et tentent de mettre sous leur coupe les lieux de culte», selon le texte. «Ces groupes sont infiltrés par des criminels (...) Ce sont les spectres du régime déchu qui tentent de mettre en échec le processus de transition», ajoute-t-il. Toutefois, les trois présidences condamnent également «l'atteinte au sacré», qui «ne procède pas de la liberté d'opinion et d'expression et qui vise à provoquer et à semer la discorde ainsi qu'à profiter d'une situation sensible pour nourrir les tensions». La Tunisie a connu lundi et mardi une vague de violences sans précédent depuis la chute du président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. A l'origine des troubles, qui ont fait selon un bilan provisoire un mort et des centaines de blessés, une exposition d'art plastique à La Marsa (banlieue nord de Tunis) dont certaines oeuvres ont été jugées offensantes pour l'Islam. Des groupes de salafistes et de casseurs ont attaqué des postes de police, des bâtiments administratifs et un tribunal à travers tout le pays pour protester contre cette «atteinte au sacré». «Ces événements surviennent à un moment où le pays avance vers l'écriture de sa nouvelle constitution et l'édification de ses institutions», et où «le pays enregistre des indicateurs économiques positifs et une saison agricole et touristique prometteuse», relève le communiqué officiel. «A chaque fois que la Tunisie entre dans une phase d'apaisement, de tels événements ressurgissent», ajoute-t-il.