Alors que France 2 a diffusé hier soir le téléfilm de Merzak Allouache La Baie d'Alger, on se rend compte que les nouvelles télévisions privées algériennes et même l'Entv ne diffusent pas des films fiction aux téléspectateurs algériens. Ceci au moment où la chaîne privée tunisienne Nessma TV achète les droits de diffusion des films algériens produits en Algérie et en France à 5000 euros. L'Entv qui a coproduit plusieurs films pour cinéma, ne diffuse souvent pas ces films, alors que les télévisions qui coproduisent pour le cinéma comme France 2 et surtout TF1 et Canal+, se pressent pour diffuser dès que l'exploitation des films est terminée dans les salles. Certains films algériens qui ont eu un grand succès au cinéma et qui ont été coproduits par l'Entv n'ont jamais été diffusés et cela pour des raisons inconnues ou supposées. Ainsi, plusieurs films de Merzak Allaouche, comme Bab El Oued City, Beb El Oued ou plus récemment Harraga ou encore le film Rachida de Yamina Chouikh, le film El Manara de Belkacem Hadhadj ou encore le film Automne, octobre à Alger presque coproduit à 70% par l'Entv n'ont pas été diffusés. On ignore les raisons qui ont poussé l'ancienne direction de ne pas diffuser ces films, mais selon certains observateurs, cette non-diffusion obéit à une politique de non-promotion des films sur la décennie noire à la télévision. Alors, pourquoi la télévision nationale produit-elle des films sans les diffuser, alors qu'il y a un manque flagrant de fiction dans le programme algérien? Certains films peuvent même être introduits dans un programme de ciné-club comme le faisait si bien la RTA dans le passé et faire un long débat avec le réalisateur et les journalistes. Une tradition qui a malheureusement disparu de notre écran depuis les années 1990. Devant l'absence d'une direction fiction au niveau de la télévision, la fiction et le documentaire sont devenus les parents pauvres de la télévision, alors qu'ailleurs, en Europe et même dans le monde arabe, la télévision est le plus grand bailleur de fonds et diffuseur du cinéma. Il n'y a jamais eu de stratégie pour la fiction au niveau de l'Entv. Récemment, une réalisatrice qui présentait son film en avant-première au Festival d'Oran, se fait griller la politesse par le service de la programmation qui diffusa son film amputée de 30 mn, sans avertir la productrice et la réalisatrice. En réalité, certains films sont diffusés et rediffusés juste pour combler le vide du programme de l'Unique. Une situation chaotique qui donne l'occasion à des pseudo-comédiens ou des réalisateurs amateurs, de se convertir dans la fiction et diffuser leurs films sur le petit écran. Une situation qui a fait baisser le niveau et la qualité des fictions algériennes diffusées sur la télévision. Cette situation n'est pas propre à l'Entv, les nouvelles chaînes ne s'intéressent pas, elles aussi, à la fiction. Ni Beur TV ou Berbère TV dans le passé, ni Echourouk TV, Al Djazarïa TV et encore moins Ennahar TV aujourd'hui, n'envisagent de produire des téléfilms ou de coproduire des films cinéma. Ceci au moment où la 2M, produit 15 téléfilms par an et que Nessma TV commence à financer des super grosses productions comme l'Or noir de Jean-Jacques Annaud. [email protected]