«Le cinéma blanchit l´argent sale. L´argent sale noircit le cinéma.» Michel Boujut Extrait de La promenade du critique Alors que le film est toujours en train de tourner dans les festivals, (le dernier en date était le mois de septembre aux Festivals d´Alexandrie et de Beyrouth), la dernière oeuvre de Merzak Allouache Harragas, a été diffusée, à la surprise générale, mardi dernier sur la chaîne marocaine 2M. Une diffusion inattendue sachant que le film n´a pas encore bouclé une année de sa sortie en salles. De plus, ce film, coproduit avec France 2, a été diffusé en exclusivité sur une télévision marocaine. C´est sans doute à l´occasion du Festival méditerranéen de Tétouan au Maroc, où le film de Allouache a été présenté en clôture cette année, que le contrat de diffusion a été conclu entre le réalisateur et producteur Merzak Allouache et les responsables de la chaîne marocaine 2M. Noureddine Saïl, le puissant directeur du CMC (Centre marocain du cinéma) qui est un très grand connaisseur du cinéma algérien, a sans doute contribué à rapprocher les cinéastes algériens et la 2M, dont il était directeur général. Il faut dire aussi que 2M, financée par des capitaux publics et privés, est comme Canal+ en France, un grand financier du cinéma. La chaîne produit plus de 15 téléfilms chaque année et coproduit pratiquement tous les films, docs et courts métrages marocains. Elle s´intéresse également au cinéma maghrébin, puisqu´elle coproduit des films et à un degré moindre, diffuse des films en exclusivité, en offrant à la production un apport financier important. Ce n´est pas la première que la 2M diffuse des films algériens en exclusivité sur son canal. Elle est d´ailleurs le grand diffuseur de films algériens qui ont marqué la tragédie nationale comme le film Rachida de Yamina Bachir Chouikh ou encore Barakat de Djamila Sahraoui. Des films qui n´ont jamais été diffusés par la Télévision algérienne, même si le film Barakat a été coproduit avec l´Entv. La diffusion de ces films sur la chaîne marocaine, encourage également le piratage des films algériens, puisque juste après la diffusion de ces films sur la chaîne 2M, ils sont piratés et vendus sur le marché parallèle aussi bien marocain qu´algérien. Pour preuve, les DVD des film Rachida et Barakat, qui ont été vendus en avant-première en Algérie, avaient le logo coloré de la 2M sur le coin de l´écran. Il n´est pas exclu donc que le film de Merzak Allouache soit également piraté et vendu avec le même logo de la 2M, sur le marché maghrébin. Mais pourquoi 2M diffuse des films algériens qui ne sont pas encore diffusés en Algérie, sur son propre réseau audiovisuel? Hormis le film Rachida, ces films algériens offrent un tableau critique de l´Algérie. Une description sociale et politique qui arrange les Marocains avides d´oeuvres critiques envers le régime d´Alger. Par ailleurs, l´Entv ne diffuse aucun film, qui est en rapport avec la tragédie nationale en raison de la politique de réconciliation nationale, même si l´Entv finance ses films. Le plus édifiant est le film de Belkacem Hadjadj, El Manara, qui a été totalement financé par la Télévision algérienne et qui retrace la période de la tragédie nationale de 90 à 2001, à travers l´histoire de trois amis. Ce film n´est toujours pas diffusé par l´Entv. Même chose pour tous les films de Merzak Allouache coproduits avec la télévision comme Bab El Oued City. Au moment où la 2M diffusait en exclusivité Harragas produit en 2009, Canal Algérie diffusait le film de Merzak Allouache Omar Gatlato qui date, lui, de.... 1976. [email protected]