Ce fut une «visite de travail et d'inspection». Smaïl Mimoune, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, s'est rendu hier dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ce fut une «visite de travail et d'inspection». Il était accompagné de la presse et de l'Entv dont les journalistes et cameramen eurent droit à une haute protection de la part de l'escorte protocolaire. Ainsi, en la personne de Mimoune, c'est le troisième personnage officiel à s'être rendu en Kabylie après Barkat et Ghlamallah, avec la particularité que ce dernier a été reçu dans la ville des Genêts en «tant que simple citoyen sur ordre des archs». Précisons que les autorités de la wilaya de Tizi Ouzou ont préféré recevoir le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques et non moins représentant de l'Etat au bord de l'autoroute, à la lisière de la wilaya de Boumerdès, à Naciria. L'on se séparera plus tard du ministre commis de l'Etat à ce même endroit. C'est dire le climat lourd et non encore dissipé qui caractérise la relation pouvoir-archs ! Par ailleurs, la sécurité du cortège fut assurée dès l'entame des premiers kilomètres de la wilaya. Plus loin, la longue procession de véhicules chromés symbolisant l'Etat a dû contourner le centre de la capitale de la Kabylie pour passer sans grande fanfare par la nouvelle ville. Le cortège ministériel aura alors emprunté la route d'Azzefoun, destination principale de la mission ministérielle. A un carrefour, non loin de Oued Aïssi, des CRS appuyés de motards aux points névralgiques scrutaient tout mouvement suspect. Et défilent ensuite les bornes jalonnant l'itinéraire conduisant au port de pêche d'Azzefoun. Seulement à Fréha, la population fut plutôt surprise de la visite inopinée. Elle observait hagarde l'imposant cortège. C'est que derrière ce jeu de «cache-cache», l'on est tenté de croire que les pouvoirs publics veulent surtout tâter le terrain en envoyant des émissaires éclaireurs avant d'éventuelles législatives partielles qu'espère pourtant la Kabylie. M.Smaïl Mimoune, une fois dans la daïra d'Azeffoun, se rendra tour à tour à Aït Chaffaâ où il visita le site Ibahrizène devant servir d'assiette à la réalisation d'une plage d'échouage. A Azeffoun-ville, il aura visité le port dont le quai de plaisance connaît des travaux en cours au même titre que les cases pêcheurs. Le ministre y aura relevé un retard d'avancement du chantier de dix mois faute de concertation entre les partenaires sur place. Même topo à Tigzirt où le ministre a exhorté les responsables du chantier de réalisation du port à respecter les délais. Mais c'est au Cfpa d'Azeffoun, lors de la remise de diplômes aux apprentis marins (promotion de 18 stagiaires) et la remise de décisions aux investisseurs dans le domaine de la pêche, que le ministre a annoncé l'octroi, par l'Etat à la wilaya de Tizi Ouzou, de la bagatelle de 73 milliards de centimes. Une somme qui sera allouée aux investisseurs dans la pêche. «C'est là une décision qui rejoint d'autres inscrites dans le cadre de la relance économique et consentie à cette wilaya», a dit le ministre. Cette aide financière permettrait de rehausser la production halieutique jugée faible dans cette région (650 t par an) alors que le stock pêchable est de 2 200 t. Sachant que le littoral de la wilaya de Tizi Ouzou est estimé à quelque 85 km. 57 dossiers d'investissement sont retenus dans cette wilaya pour bénéficier du soutien de l'Etat au titre du fonds national de développement de la pêche et de l'aquaculture. Le montant global du soutien de l'Etat est de 779.564.000 DA. Quant à l'aide aux pêcheurs nécessiteux, elle est estimée pour 100 pêcheurs à 30.000.000 DA à raison de 300.000 chacun. Cette opération a permis de réhabiliter la flottille et de créer de l'emploi et de la richesse. La politique de la relance économique, initiée par Bouteflika, est finalement rentrée en Kabylie mais par la mer. Les bons offices de Mimoune pourront-ils réhabiliter l'image du président auprès d'une population minée par un climat politique délétère et en même temps avide de développement et de redéploiement économique et social.