Poutine et Obama ont appelé, à partir de Los Cabos, à «un arrêt immédiat de la violence» en Syrie après une discussion sur la crise qui déchire ce pays. Le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine sont parvenus à trouver un terrain d'entente lundi à Los Cabos (Mexique), notamment sur le sujet délicat de la Syrie, qui empoisonne leurs relations depuis plusieurs mois. Dans un communiqué commun publié à l'issue de deux heures de discussions en marge du sommet du G20, leur première rencontre depuis le retour de M.Poutine au pouvoir, les deux chefs d'Etat ont «appelé à un arrêt immédiat de la violence». Ils se sont dits «unis dans l'idée que le peuple syrien devrait pouvoir choisir son avenir de façon indépendante et démocratique». Alors que Washington reproche à Moscou d'empêcher un renforcement des sanctions contre le régime du président syrien Bachar al-Assad pour sa répression brutale des manifestations, M.Obama a indiqué être parvenu à un accord avec M.Poutine sur la nécessité d'un «processus politique» en Syrie pour éviter une guerre civile. Et M.Poutine a assuré avoir trouvé avec son homologue américain «de nombreux points d'accord» sur la Syrie. Il a estimé avoir eu avec son homologue américain des discussions «substantielles et sérieuses». «La Russie et les Etats-Unis comprennent qu'en Syrie, il faut pousser aussi bien le régime Assad que l'opposition syrienne» à négocier, et considèrent que «régler le problème d'un seul côté n'est pas réaliste», a indiqué à la presse le porte-parole de M.Poutine, Dmitry Peskov. Toutes les confessions en Syrie (musulmans chiites, alaouites, sunnites et autres religions) «doivent recevoir des garanties au cours de ce processus», a-t-il ajouté. «Sans cela, une solution n'est pas réaliste». «Nous avons pu parler de sécurité et de nos relations économiques bilatérales», a ajouté le président russe, avant de «remercier» M.Obama pour son soutien à l'accession de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce, et de l'inviter à Moscou. La Russie estime avoir été flouée en Libye par les Occidentaux, qui avaient assuré ne pas chercher à renverser le colonel Mouamar El Gueddafi, avant d'aider l'opposition libyenne à le faire. Moscou craint aussi de perdre un allié géostratégique clé avec la Syrie et ses bases navales en Méditerranée, si Assad est renversé et remplacé par un régime moins favorable à ses vues. Les deux présidents ont aussi affiché leur convergence de vues sur le sujet sensible du programme nucléaire iranien, alors que se déroulaient à Moscou des négociations difficiles des grandes puissances du Groupe des «5+1» (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, plus l'Allemagne) avec l'Iran dans l'espoir que l'imminence d'un embargo pétrolier et les pressions de la Russie convaincront Téhéran de céder sur l'enrichissement de l'uranium. «Nous sommes convenus que l'Iran doit entreprendre des efforts sérieux pour rétablir la confiance dans le monde sur la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire. A cet effet, Téhéran doit se conformer pleinement à ses obligations», indique le communiqué commun américano-russe. Les deux hommes ont en outre décidé de rechercher un compromis pour surmonter leur différend sur le bouclier antimissile que les Etats-Unis cherchent à installer en Europe, et que Moscou refuse. «Malgré des évaluations divergentes, nous sommes convenus de continuer à chercher des solutions aux défis en matière de bouclier antimissile», ont précisé les présidents. Le président américain considère la «relance» des relations avec la Russie, lancée du temps de l'ex-président Dmitri Medvedev, comme un de ses succès diplomatiques.