Des dizaines de milliers d'entreprises à travers le monde ont ouvert la voie, en montrant qu'«il est possible d'être efficaces économiquement et utiles socialement». «Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.» Cette citation d'Edgard Morin semble avoir inspiré bon nombre d'experts en entrepreneuriat social qui pensent qu'avec des idées, on peut déplacer des montagnes et permettre aux sans-emploi de trouver un job utile et productif. En organisant, hier, à l'hôtel Sofitel d'Alger, un petit-déjeuner-débat autour de ce thème, le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise a voulu plaider la cause de l'entrepreneuriat social, considéré comme une opportunité pour l'Algérie. Invité de marque du Care en sa qualité d'expert en entrepreneuriat social, établi en France, Tarik Ghezali a fait une communication dans ce sens en citant de multiples exemples d'entreprises qui ont réussi à se faire un nom grâce aux idées novatrices de leurs concepteurs. Selon lui, l'association des deux mots, entreprise et social, n'est pas antinomique du tout, bien au contraire, elle peut s'avérer d'une grande efficacité et d'une grande utilité pour peu que le concept soit compris et mis au service des deux. «L'association des deux termes peut paraître contradictoire. Elle bouscule, en effet, deux idées reçues bien ancrées. D'une part, l'idée que l'entreprise privée se soucie forcément peu des enjeux sociaux et environnementaux, l'entrepreneur se préoccupant surtout d'enrichissement personnel. D'autre part, le social est nécessairement le monopole des pouvoirs publics et des associations et n'a pas vraiment à être soumis aux contraintes de l'économie de marché.» A l'en croire, «les deux termes peuvent se réconcilier: l'entrepreneuriat social existe bel et bien, il s'agit même d'un mouvement international en plein essor, des dizaines de milliers d'entreprises sociales de tous pays ouvrent une voie nouvelle en montrant qu'il est possible d'être efficace économiquement et utile socialement.» Evoquant l'expérience de ce trader algérien, qui après avoir longtemps hanté les marchés boursiers londoniens, s'est reconverti en chef d'entreprise spécialisée dans la production et la commercialisation de la bio, Première du genre à avoir reçu la certification «agriculture biologique», l'entreprise dirigée par Hadj Khelil, car c'est de lui qu'il s'agit, importe et distribue en France des produits du monde entier, issus du commerce équitable ou certifiés bio. «L'entreprise Bionoor, fondée et dirigée par Hadj Khelil est la première à avoir reçu la certification - agriculture biologique - en Algérie, grâce à la production de dattes bio. Elle importe et distribue dans l'Hexagone des produits du monde entier, certifiés bio, à savoir dattes, thé, chocolat, huiles essentielles, fruits et légumes, etc.», a- t-il indiqué. Ce n'est pas tout. Cette entreprise qui compte trois salariés en France, huit en Algérie, distribue 100 tonnes de dattes annuellement et joue un rôle moteur et «oeuvre à l'essor de l'agriculture bio en Algérie. Elle permet, aussi, aux producteurs locaux de vivre mieux, en leur payant un prix supérieur à celui du marché». Une mesure incitative qui a déjà été expérimentée ailleurs et que les experts encouragent pour stimuler la production. Lors de son intervention, Tarik Ghezali n'a pas manqué d'évoquer le cas de personnes atteintes d'autisme qui ont réussi leur intégration grâce, notamment aux concours des entreprises qui ont investi dans ce créneau..» Citant l'exemple de l'entreprise danoise specialisterne qui est parvenue à faire de l'handicapé autiste- une force économique, il a souligné avec forces détails que «des caractéristiques fréquentes chez les personnes autistes se révèlent, en effet, très adaptées pour des activités de test et contrôle qualité de logiciels, méticulosité, sensibilité aux détails, mémoire et facilité à mener des actions répétitives». D'après lui, trois autres traits de l'entrepreneuriat social le rendent particulièrement intéressant. D'abord, les entreprises créent de l'emploi, elles suscitent un intérêt fort auprès des jeunes et permettent d'optimiser les dépenses publiques.