Thorkil Sonne est un informaticien danois dont le fils est autiste. Des caract�ristiques fr�quentes chez cette cat�gorie de personnes, aux besoins sp�cifiques, se r�v�lent � lui �tr�s adapt�es pour des activit�s de test et de contr�le qualit� de logiciels�. M�ticulosit�, sensibilit� aux d�tails, m�moire, facilit� � mener des actions r�p�titives� Il fonde Specialisterne (sp�cialistes), entreprise sp�cialis�e dans le domaine. Elle compte, � l�heure actuelle, une bonne cinquantaine d�employ�s dont les trois quarts sont des autistes et travaille avec de grands comptes comme Microsoft et Oracle. Pari r�ussi pour ce monsieur qui a fait de ce handicap � l�autisme �, une force �conomique. Specialisterne voit d�sormais grand. Elle se d�veloppe � l��tranger et vise � cr�er � terme un million d�emplois pour les personnes autistes. C�est un exemple d��entreprenariat social�, parmi tant d�autres, plus innovants encore. Le commerce �quitable (celui des produits certifi�s bio) est la forme la plus connue. Or, ce concept d�entreprenariat social est un concept nouveau ou, plut�t, relativement nouveau. Il est au c�ur d�une dynamique �conomique mondiale en plein essor qui se veut correctrice du capitalisme en crise. Les r�seaux internationaux se mettent en place et les entrepreneurs se copient les uns les autres. Il s�agit de �concilier entre les int�r�ts priv� et g�n�ral� en tirant le meilleur des deux logiques. Tarik Ghezali, expert en entreprenariat social, a d�fini le concept � la faveur d�une conf�rence donn�e, hier, � la salle Atlas de l�h�tel Sofitel d�Alger, lors d�un d�jeuner-d�bat organis� par le Cercle d�action et de r�flexion autour de l�entreprise (Care), avec le soutien de la fondation allemande Friedrich Naumann. Intitul�e �L�entreprenariat social, une opportunit� pour l�Alg�rie : mettre l�entreprise priv�e au c�ur de l�int�r�t g�n�ral�, la conf�rence recommande de bonnes pratiques en la mati�re et explore des pistes d�action en Alg�rie. Et les pistes ne manquent pas. Les secteurs d�activit� des �entreprises sociales� sont aussi vari�s que les besoins de l�homme : les soins, l��ducation, le logement, la nourriture, le travail� L�Alg�rie se trouve en tout cas � la tra�ne du mouvement, en d�pit du potentiel existant. Un potentiel fait de �traditions religieuses et communautaires de solidarit�, 500 coop�ratives (20 000 salari�s), 30 mutuelles (3 700 salari�s) et quelques entrepreneurs sociaux, � l�image de Hadj Khelil, cit� en exemple par Tarik Ghezali�. Ce dernier dirige l�entreprise Bionoor qui produit des dattes bio � Ouargla. Elle importe et distribue en France des produits du monde entier issus de l�agriculture bio en Alg�rie et �permet, selon le conf�rencier, aux producteurs alg�riens de vivre mieux en leur payant un prix sup�rieur � celui du march酻. Et ce n�est pas de la philanthropie ! ��a peut para�tre utopique mais l�objectif est d�assurer la p�rennit� de l�outil de production�, explique-t-il. L�entreprise Bionoor, � titre d�exemple, distribue 100 tonnes de dattes par an (grande distribution, restauration collective, �picerie fine). Il recommande de s�inscrire dans une vision internationale et de mettre en place, en temps r�el, des outils structurants pour le d�veloppement de l�entreprenariat social (fonds d�investissement, statut juridique�). Et de �s�inspirer, dupliquer et adapter les exp�riences r�ussies ailleurs aux sp�cificit�s locales�. Tout, selon lui, passe par une action soutenue de communication et de sensibilisation. Il faut bousculer deux id�es re�ues bien ancr�es : que l�entrepreneur se pr�occupe surtout d�enrichissement personnel et que le �social� est n�cessairement le monopole des pouvoirs publics.