Le président burkinabé Blaise Compaoré et cinq autres chefs d'Etat de la région ont retrouvé hier à Ouagadougou les «forces vives» du Mali pour un sommet destiné à installer un «gouvernement consensuel», mais en l'absence des autorités maliennes de transition. «La réflexion sur la formation d'un gouvernement consensuel au Mali» et «les dispositions urgentes à prendre pour faire face au péril terroriste au nord du pays», occupé par des groupes armés, «constituent des objectifs majeurs», a déclaré à l'ouverture M.Compaoré. Ni le président malien de transition Dioncounda Traoré ni son premier ministre Cheick Modibo Diarra n'ont fait le déplacement Ainsi, ni le président de transition Dioncounda Traoré, officiellement retenu pour des soins à Paris à la suite d'une grave agression fin mai, ni le Premier ministre Cheick Modibo Diarra ne feront le déplacement. Aucune explication n'a été donnée à l'absence de M.Diarra, mais les relations sont désormais notoirement difficiles entre le Premier ministre et la Cédéao, qui s'impatiente et veut un gouvernement plus «inclusif». Le Mouvement populaire du 22 mars (MP 22), soutenant le putsch d'il y a trois mois à Bamako - qui a précipité la chute du Nord -, a annoncé aussi qu'il ne viendrait pas à cette réunion «de plus». Pour la Cédéao, il faut d'urgence renforcer et stabiliser les autorités de transition pour affronter la crise au Nord, où les islamistes alliés à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) ont mis en déroute les rebelles touareg qui avaient lancé l'offensive en janvier. L'option d'une intervention armée régionale pour restaurer l'intégrité territoriale du Mali est sur la table, mais tarde à recueillir l'onction de l'ONU. Dans une résolution adoptée jeudi, le Conseil de sécurité «soutient pleinement» les efforts de la Cédéao et de l'Union africaine et prône des sanctions contre les alliés d'Al Qaîda, mais ne donne pas encore de mandat pour une force africaine. Or, la destruction de lieux saints musulmans à Tombouctou (nord-ouest), mythique «perle du désert», et la dégradation de la situation humanitaire dans la région (violences contre les femmes et les enfants notamment, problèmes d'eau et d'électricité, etc.) montrent que le nord du Mali glisse chaque jour un peu plus dans l'abîme.