M.Nacer Mehal, ministre de la Communication «Tous les Français qui veulent venir en Algérie sont les bienvenus, y compris M.Enrico Macias s'il le souhaite», a déclaré M.Mehal. Interrogé avant-hier par un journaliste sur son appréciation de la position française vis-à-vis du Cinquantenaire de l'Indépendance, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, a répondu simplement ceci: «Ce n'est pas dans ma nature de parler des Français.» Ainsi, le ministre a balayé d'un revers de la main une grosse polémique qui allait naître au sujet d'un éventuel voyage que devait effectuer le chanteur Enrico Macias à Constantine. Deux jours auparavant, le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a jeté un pavé dans la mare en invitant M.Macias à se rendre en Algérie. La question a été abordée sans complexe par M.Mehal. S'exprimant sur les ondes de Radio-Orient, le ministre a indiqué que la relation entre l'Algérie et la France «ne peut pas se bloquer sur la visite ou non de M.Enrico Macias». Plus grave M.Mehal a apporté une précision assez importante d'ailleurs. Pour lui, «personne n'a interdit à Enrico Macias de venir en Algérie. Je sais de quoi je parle. J'étais même au milieu de la relation entre Alger et Paris (à l'époque) et c'est moi qui ai appelé M.Enrico Macias. Et le voyage a été annulé par M.Enrico Macias lui-même et je peux lui donner la preuve que c'est lui qui a annulé ce voyage et que ce ne sont pas les Algériens qui l'ont fait». Voilà ce qui semble relancer un débat que l'on ne veut pas ébruiter pour éviter des querelles byzantines. Plus grave, il ajoute: «Aujourd'hui, dix ans après, je suis maintenant membre du gouvernement algérien et je peux le dire: M.Enrico Macias a menti», a assuré M.Mehal. Selon lui, «tous les Français qui veulent venir en Algérie sont les bienvenus, y compris M.Enrico Macias s'il le souhaite». Voilà une invitation claire et bien formulée. Mais que dira Mohammed Cherif Abbas à cet égard. Il convient de rappeler que dans un entretien accordé à El Khabar en novembre 2007, le ministre des Moudjahidine avait jeté un pavé dans la mare en déclarant entre autres que «la venue d'Enrico Macias est une provocation». Une déclaration qui est intervenue au lendemain des propos tenus par le secrétaire général du FLN et néanmoins chef de l'Exécutif, M.Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier avait déclaré à L'Expression ne pas avoir changé d'avis quant à une éventuelle visite d'Enrico Macias, en opposant ainsi un niet catégorique. Les déclarations de M.Abbas ne sont pas passées inaperçues.Plus loin encore, le 9 janvier 2009, lors d'une rencontre consacrée à la cause palestinienne par l'Alliance présidentielle qui était composée du FLN, du RND et du MSP, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, avait affirmé: «Nous ne nous sommes pas trompés sur Enrico Macias. Vous avez vu, il a été parmi les premiers à la marche de soutien à Israël il y a quelques jours à Paris.» Une autre page pour l'avenir «Libre à lui de chanter, mais nous n'acceptons pas un sioniste sur la terre des martyrs», avait tranché M.Belkhadem. En 1999, le chanteur Enrico Macias, un juif né à Constantine, a été invité par le Président Bouteflika pour qu'il vienne visiter l'Algérie, son pays natal qu'il avait quitté en 1962. Une large mobilisation a eu lieu contre la venue de ce chanteur pro-sioniste. Macias a réédité sa tentative en 2007, lors de la visite de l'ancien président français Nicolas Sarkozy en Algérie. Il a tenté de faire partie de la délégation qui avait accompagné le président français mais il a encore une fois butté sur le refus catégorique des Algériens. Voilà que cinq ans plus tard, et spécialement en plein Cinquantenaire de l'Indépendance, le ministre de la Communication renouvelle simplement l'invitation à Enrico. Il est ainsi à se demander si cette déclaration annonce un coup de grisou entre les ministres du gouvernement et surtout entre Alger et Paris? «L'Algérie a recouvré son indépendance le 5 juillet 1962. Elle a tourné une page aujourd'hui. S'il vous plaît, permettez-nous de construire une autre page pour l'avenir. Ce n'est pas notre avenir à nous, c'est l'avenir de générations entières aussi bien en France qu'en Algérie», a conclu le ministre de la Communication.