Tizi Ouzou s'est remise doucement à l'heure des veillées culturelles du Ramadan. Dans la froidure qui s'installe sur la capitale du Djurdjura, baignée de mille lumières, la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, sortie d'une longue léthargie, veut donner un souffle nouveau à l'activité culturelle. Les expositions artistiques se succèdent et renouent avec les spectacles. Timidement au départ, les familles ont commencé à prendre leurs habitudes. Alors que la grande salle de spectacle a ouvert avec La Colline oubliée, le premier film en tamazight de Bouguermouh, les familles ont pu, à loisir, écouter leurs chanteurs préférés. Dimanche dernier, Hacène Ahrès et son florilège de chansons et un jeune poète aveugle, Malik, ont brûlé les planches. Le lendemain, c'est Louisa qui a émerveillé ses fans. Alors qu'Ali Ideflawen a enchanté les familles avec sa chanson sociale. Tizi Ouzou, c'est certes la maison de la Culture, mais aussi toutes les salles des fêtes, comme celles sises à la Nouvelle-Ville qui ont drainé beaucoup de monde. C'est donc à partir de 18 h 30 que les rues commencent à s'animer. Auparavant, au moment de l'adhan, ce sont les «restos du coeur», ouverts tant par le Croissant-Rouge que par l'action sociale et par des associations caritatives privées, qui accueillent et les démunis et les gens de passage. Les cafés, eux aussi, participent à rendre l'atmosphère plus conviviale. Dans les rues, et devant notamment les vitrines de prêt-à-porter, des groupes de familles s'entassent en comptant leurs sous devant les vêtements exposés. C'est sûr que l'Aïd sera...cher. Les cybercafés sont également bondés. Jusque vers deux heures du matin, ils ne désemplissent pas, les jeunes et moins jeunes vont à la découverte du monde. Les étudiants, environ une vingtaine de milliers, entre filles et garçons répartis entre Boukhalfa, M'douha, Hasnaoua I et II et Oued Aïssi, forment le gros de la population tizi-ouzéenne. Plus coquettes dans leurs tenues vestimentaires, les filles ajoutent un plus à la couleur de la ville. En groupe ou avec leurs amis, elles emplissent les cybercafés, les pizzérias et autres salons de thé ainsi que les salles des fêtes. Au niveau des cités universitaires, le Ramadan est quand même un moment où l'on s'offre quelques veillées. Selon Anissa, une résidente de M'douha: «C'est avant l'heure de la rupture du jeûne que les filles, par groupes de 3 à 4, prennent les plateaux depuis les restaurants universitaires. Dans les chambres, et à l'aide d'un réchaud de camping à gaz, les filles rajoutent aux plats quelques ingrédients ou condiments pour enrichir leur menu à la mesure de leurs maigres bourses. Après le f'tour, certaines filles se réunissent en groupes, qui pour travailler, qui pour écouter contes et histoires. D'autres plus «argentées» s'offrent de petites virées en ville...». Tizi Ouzou, la nuit, c'est aussi ces grappes de jeunes gens descendus des villages alentours. Errant dans les rues éclairées, ils se remplissent les yeux de toutes les belles choses que beaucoup, hélas, ne peuvent s'offrir. Il est vrai qu'au village, à part les soirées de «loto».... rien n'arrive à meubler le vide. Un vide qui prend toute la place et agresse tout le monde. Tizi Ouzou reste la loupiote qui clignote de loin. Et à vous de prier pour que, petit à petit, elle laisse derrière elle les jours mauvais.