Un président dans l'embarras «Le Tribunal fédéral suisse a donné tort cette semaine à tous ces gens qui, pendant des années, m'ont accusé d'avoir pris des pots-de-vin.» Le président de la Fifa Sepp Blatter maintient ses explications à propos du scandale de corruption impliquant son prédécesseur, le Brésilien Joao Havelange, dans un entretien à paraître dans l'édition de dimanche du journal suisse Sonntagsblick. «Je n'ai eu connaissance que plus tard, après la disparition d'ISL, de l'existence de pots-de-vin», a affirmé Blatter au sujet de la société de marketing qui détenait l'exclusivité des droits de la Coupe du monde et dont la faillite retentissante en 2001 avait laissé un trou de 245 millions d'euros. «Lorsque je dis maintenant qu'il est difficile de mesurer le passé selon les normes actuelles, il s'agit d'une simple constatation. Pour moi, la corruption est inacceptable et je ne tolère ni ne cherche à justifier la corruption. Mais c'est ce dont je suis accusé maintenant», a-t-il expliqué. Blatter, qui a succédé à Havelange à la tête de l'instance dirigeante du football mondial en 1998, a assuré cette semaine qu'il n'avait pas le pouvoir de sanctionner le Brésilien, âgé de 96 ans, qui aurait touché plus d'un million d'euros de la part d'ISL en échange de l'obtention des droits exclusifs. «Le Tribunal fédéral suisse a donné tort cette semaine à tous ces gens, qui pendant des années m'ont accusé d'avoir pris des pots-de-vin», a souligné Blatter, dont le nom n'est pas cité dans ce dossier au contraire de l'ancien gendre de Havelange, Ricardo Teixeira, qui dirigeait jusqu'en mars la Fédération brésilienne de football. «Maintenant, il est formellement établi ce que j'ai toujours dit: je n'ai jamais pris ni reçu des pots-de-vin. On essaie donc de m'attaquer à présent sous un angle différent. 'D'accord, il n'a pas reçu de dessous de table, mais il devait être au courant''», a-t-il estimé. «Une fois de plus, je n'ai été au courant que des années après la chute d'ISL. Les personnes qui m'attaquent le savent désormais mais elles continuent quand même. Elles veulent ma perte», a accusé le patron de la Fifa. La ligne de défense du Suisse, répétée dans cet entretien, selon laquelle ces versements ne contrevenaient pas à la loi en vigueur à l'époque dans la Confédération helvétique, a déjà suscité de vives réactions dans le monde du football. La président de la Fédération allemande de football Wolfgang Niersbach s'est dit «choqué» samedi par le fait que le président de la Fifa minimise la gravité des faits, ajoutant toutefois que la décision éventuelle de démissionner de son poste revenait à Blatter.