Un ouvrage de 462 pages, signé par le journaliste d'investigation britannique, Andrew Jennings, parle de corruption, de truquage d'élections internes et de détournements de fonds au sein de la puissante Fédération internationale de football association (FIFA). C'est un véritable pavé qui est jeté dans la mare à quelques semaines seulement du plus grand événement sportif de la planète, en l'occurrence la Coupe du monde. L'auteur fait état de dessous troublants à l'intérieur de la FIFA. Il y a lieu de dire que ces assertions ne laissent pas de marbre Joseph Sepp Blatter et son entourage. Ils ont tout fait pour empêcher la parution du livre, comme l'indique l'écrivain. Andrew Jennings affirme qu'“un tribunal de Zurich a interdit mon livre en Suisse la semaine dernière alors qu'il ne l'avait pas vu. D'ailleurs Blatter non plus ne l'a pas lu. Comment peut-on interdire un livre qu'on n'a pas eu entre les mains”. Il ajoute également : “Mais ce n'est peut-être pas non plus un hasard si aucune maison d'édition en langue allemande n'a accepté de le traduire. Il n'est pas dit d'ailleurs que la FIFA ne tente pas de l'interdire en France et même ici en Grande-Bretagne”. Les patrons du football mondial sont accusés d'avoir recours à la corruption, d'avoir truqué les élections internes du président de la fédération, notamment en 1998 et 2002, et d'avoir détourné une partie de l'argent des billets de la Coupe du monde disputée en France. C'est la société International Sport Leisure, créée par Horst Dassler, patron d'Adidas, dont le protégé n'était autre que Sepp Blatter, président de la FIFA, qui est visée par ces accusations. Selon Andrew Jennings, un million de francs suisses (environ 650 000 euros) auraient ainsi atterri mystérieusement sur les comptes de la FIFA, avant d'être discrètement transférés sur un compte particulier d'un haut responsable du football, en “remerciement”. Pour rappel, en mai 2002, un rapport accablant avait accusé Sepp Blatter de corruption, abus de compétences et d'opérations financières douteuses. 550 millions d'euros auraient disparu des caisses de la FIFA. Par ailleurs, 60 autres millions d'euros, versés par la chaîne brésilienne TV Globo pour l'acquisition des droits des Coupes du monde 2002 et 2006, ne seraient jamais arrivés sur les comptes de la FIFA. L'argent aurait servi à renflouer les caisses d'ISL, alors en faillite. Sepp Blatter aurait, selon l'auteur, fermé les yeux sur le détournement, rapporte l'auteur de Carton rouge. Andrew Jennings n'en est pas à son premier essai, puisqu'il s'était signalé en 2000, lorsqu'il avait sorti un brûlot sur le système mis en place au sein du Comité international olympique, dénonçant des instances olympiques “pourries”. Dans ce livre, Les Seigneurs des anneaux, le journaliste visait particulièrement l'ancien président du CIO, Juan Antonio Samaranch, ainsi que les membres du comité, qui recevaient, selon lui, des pots-de-vin de la part des villes candidates à l'organisation des jeux Olympiques. Ses affirmations ont été confirmées lors de l'attribution des JO d'hiver à la ville de Salt Lake City en 2002. K. ABDELKAMEL