«L'Algérie est le plus vieux négociateur au monde avec l'OMC. Elle a commencé les pourparlers du temps du GATT en 1987.» C'est par ce constat sur le temps perdu et un bref retour sur l'histoire de ces négociations que M.Hédir Mouloud, expert économique, a entamé sa conférence-débat tenue hier au centre de presse d'El Moudjahid, consacrée à l'intéressant thème des négociations d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Traitant des volets d'actualité que sont «les enjeux autour de la future adhésion de l'Algérie à cette Organisation internationale du commerce, au déroulement du processus d'accession et aux perspectives de l'ouverture du commerce extérieur» de notre pays, cet ancien directeur général du commerce extérieur et gestionnaire du dossier OMC jusqu'en 2001 auprès du ministère du Commerce, a aussi apporté des éclaircissements fort utiles sur les mécanismes de fonctionnement de cette institution mondiale et leur répercussion sur les pays membres. Ainsi, durantles débats qui suivirent son intervention, et à la question de savoir quelles seront les conséquences commerciales sur notre pays après l'adoption par l'APN des amendements à la loi de finances 2004 relatifs à l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées, cet expert du commerce international a été très clair dans sa réponse. Contrairement à l'alarmisme sans raison du ministre des Finances, M.Abdellatif Benachenhou, au lendemain du vote de ces amendements,M.Hédir a fait savoir à l'assistance que «dans le cadre de l'OMC, il y a une règle dite du traitement national». Celle-ci, stipule qu'un «pays peut mettre en place dans sa législation interne ce genre de protection, à la condition qu'il l'applique aussi à ses producteurs nationaux». En outre, selon les articles 20 et 21 du règlement du GATT devenu aujourd'hui OMC, il peut d'autant plus se prévaloir de ce traitement qu'il pourrait justifier ses mesures protectionnistes lorsqu'il s'agit pour lui de préserver l'ordre public (importations d'armes), la santé publique (drogue) ou tout simplement pour des considérations de pure morale. Néanmoins, a-t-il fait remarquer «l'Algérie n'est pas encore membre de l'OMC, et il faudra attendre quelle direction prendront les pourparlers en cours entre les deux parties». Auparavant, le conférencier a abordé dans un premier temps la dynamique de ces négociations en clamant d'abord que «rien que par ses importations et ses exportations commerciales, l'Algérie est une économie ouverte». Ensuite, d'après lui du moins, «cette ouverture commerciale n'est aujourd'hui contestée par personne». Sauf que, à son avis, «le pays n'est pas bien organisé» et reste focalisé sur un faux débat idéologique entre protectionnisme et libre-échange. Autre remarque pertinente, «le pays pouvait amorcer son ouverture sur une base autonome, mais dans les faits, celle-ci a été imposée par les institutions internationales au lendemain de la signature des accords de l'ajustement structurel avec le FMI.» Aussi, et s'agissant des mesures de protection de l'économie nationale, M.Hédir n'est pas allé par quatre chemins pour dire que même «la concurrence doit être gérée» à l'ombre de ces accords internationaux de l'Algérie qui peuvent être «contraignants» ou obéissant à des règles «extrêmement précises». D'où son énumération d'un certain nombre de contraintes qu'il faut lever pour pouvoir s'intégrer sans grandes conséquences dans ce commerce mondial. Gérer sa souveraineté nationale en fonction de ce cadre multilatéral, vérifier l'harmonie des règles internationales avec la législation interne, prendre des mesures en conformité avec les accords internationaux, utiliser toutes les ressources permises par ces derniers, actualiser les politiques publiques dans un certain nombre de secteurs et adopter une politique de subventions clairement définie et rigoureuse permettraient, selon cet expert, au pays de faire une adhésion sans heurts à cette institutioninternationale.