L'Algérie est plus que déterminé à poursuivre ses négociations portant sur son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En revanche, l'Algérie n'acceptera, en aucun cas, des conditions non prévues par les règles de cette institution mondiale, notamment celles qui portent atteinte à l'intérêt national. C'est en effet ce qui ressort des déclarations de M. Saïd Djellab, négociateur et directeur des échanges commerciaux au ministère du Commerce. " L'Algérie n'a aucun problème pour la question de conformité avec les accords de l'OMC (...) mais tout ce qui est en plus de l'accord est inacceptable, d'autant plus s'il touche à l'intérêt national", a-t-il expliqué, avant d'ajouter ; "Notre adhésion à l'OMC est en fonction des intérêts de l'économie algérienne, à court, moyen et long termes", a-t-il souligné, précisant que les requêtes émanant de l'OMC susceptibles de nuire à une branche d'industrie ou d'agriculture sont négociées en fonction des intérêts du pays. A noter qu'une trentaine d'accords, fréquemment appelés les règles commerciales de l'OMC, régissant les marchandises, les services et la propriété intellectuelle, sont négociés par les gouvernements des pays qui veulent devenir membres de cette organisation. Interrogé si son département avait reçu des requêtes jugées non conformes aux règles de l'organisation, le négociateur s'est contenté de dire que des membres de l'OMC essayent "d'imposer des choses à l'Algérie" mais "nous prenons tout notre temps pour bien négocier". Il dira, par ailleurs, que l'Algérie est à l'aise en ce qui concerne les négociations pour le secteur de l'agriculture pour lequel sont accordées des subventions à hauteur de 2%, alors que l'OMC prévoit des subventions allant jusqu'à 10% pour ce secteur concernant les pays en développement. Questionné sur le dernier rapport du groupe de travail pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, qui a considéré qu'il restait beaucoup à l'Algérie pour accéder à cette organisation, ce responsable a répondu que "c'est une formulation avec laquelle l'Algérie n'est pas d'accord" puisque le pays a accompli l'essentiel pour son accession à cette organisation. Ce groupe de travail a estimé, dans son rapport, établi en janvier 2008, que malgré les progrès de l'Algérie concernant la réforme de son régime de commerce, afin de le rendre pleinement compatible avec les règles de l'OMC, il lui restait encore beaucoup à faire dans plusieurs domaines. Le rapport cite, à ce propos, les domaines des entreprises d'Etat, le prix des hydrocarbures (gaz), les droits de commercialisation et la présence commerciale, le régime fiscal (TVA et autres taxes à la consommation), les subventions à l'exportation, les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), les obstacles techniques au commerce (OTC) et la propriété intellectuelle. Rappelons que l'Algérie cumule une longue négociation dans l'histoire des accessions puisque sa première demande d'adhésion au GATT (ancêtre de l'OMC) remonte à 1987, mais les négociations effectives d'adhésion n'ont débuté qu'en 2001. Les négociations ont été retardées en raison de son statut de pays pétrolier et du refus de l'Algérie de l'ouverture des services relatifs au secteur de l'énergie, estiment des experts. A ce jour, l'Algérie a mené dix rounds de négociations multilatérales durant lesquels elle a traité 1.600 questions relatives à son système économique et a tenu 93 réunions bilatérales avec 21 pays, a ajouté M. Djellab. Après le dixième round, l'Algérie a reçu 96 questions concernant certains aspects d'une dizaine de thèmes sur lesquels elle poursuit actuellement les négociations. Il s'agit, selon ce responsable, des régimes des licences d'importation, des mesures sanitaires et phytosanitaires, des obstacles techniques au commerce, des subventions aux exportations, du fonctionnement des entreprises publiques, du double prix du gaz, de la taxe sur la valeur ajoutée, et des entreprises commerciales d'Etat. Une fois examinées, ces questions seront transmises au secrétariat général de l'OMC pour discuter de la date du 11e round, a affirmé le négociateur. A signaler que le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, sera présent à Alger pour assister au premier Forum des patrons maghrébins, les 10 et 11 mai prochain. Samira H.