Au dernier virage du processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), puisque le 11e round est prévu pour la fin du mois de juin prochain, M. Saïd Djellab, membre du groupe des négociateurs chargé du secteur de l'agriculture, estime que le débat est toujours ouvert et houleux sur la nécessité d'"aller ou non à l'OMC". Il estime que beaucoup s'interrogent sur ce qu'un pays mono exportateur d'hydrocarbures aurait à gagner dans cette adhésion. Question d'ailleurs relevée par l'ex-ministre des Finances, M. Abdelkrim Harchaoui. Le Conseil de la nation a abrité, hier, un séminaire sur l'accession de l'Algérie à l'OMC avec la participation des représentants du gouvernement, notamment le représentant du ministère du Commerce, des membres du groupe de négociateurs, le représentant de la Cnuced, l'expert Kheir Eddine Ramoul de l'OMC ainsi que des parlementaires, dont des ex-ministres, tels que M. Harchaoui ex-ministre des Finances. Le gouvernement, représenté à ce débat par M. Kheireddine Dahmane, chef de cabinet du ministère du Commerce, a insisté sur le fait que la décision d'adhérer à l'OMC est une décision souveraine, indiquant que l'Algérie doit rattraper le retard enregistré dans ce processus d'adhésion et à moindre coût, puisque, selon ses explications, avant 1994 il n' y avait pas de concessions à faire mais à l'heure actuelle, à chaque fois qu'on retardera le processus il y aura plus de concessions à faire.En outre, il a indiqué qu'en arrivant au 10e round, l'Algérie s'est dotée de la transparence et l'amélioration de l'environnement économique afin de promouvoir l'investissement. L'Algérie a eu des négociations bilatérales avec 16 pays, alors que seulement 5 accords bilatéraux ont été signés, tandis que les accords multilatéraux ont atteint une phase avancée, selon le représentant de ministère du Commerce. A ce titre, il a expliqué qu'il s'agit plus de réformes et de libéralisation du commerce des services, tout en avertissant sur les conséquences des retards dans l'adhésion. A ce titre, il a ajouté que l'Algérie a fait beaucoup de concessions en expliquant que le principe des concessions est imposé à tout le monde et que l'Algérie ne peut être une exception. Tout en défendant cette décision d'adhésion à l'OMC, M. Dahmane a révélé que l'Algérie n'a pas atteint ce but à cause du fait de ne pas avoir fait les concessions nécessaires en temps voulu et qu'avec chaque retard il y aura une concession de plus. Dans ce contexte, il a demandé au Parlement d'éviter tout retard. Il y a lieu de souligner que le Parlement est concerné par cette question notamment en ce qui concerne le rapport ou bien le traité qui contient tout le processus d'adhésion à l'OMC qui sera soumis au vote en sus des différentes lois dans le cadre de la réforme législative. En réponse à cette préoccupation, le président du Conseil de la nation, M. Bensalah, a souligné que le parlement est conscient de l'importance de l'adhésion à l'OMC. D'ailleurs le représentant de la Cnuced, M. Robert Lebal a indiqué dans son intervention que l'Algérie a eu un parcours important dans la réforme législative mais il reste la question des licences d'importation lesquelles manquent de transparence, selon certains experts. A noter que ce dossier est en phase de finalisation. Interrogé sur un délai pour cette adhésion, il a déclaré que c'est difficile et à chaque annonce d'une échéance, les pays membres de l'OMC profitent de la situation pour imposer de nouvelles concessions. Dans une déclaration à la presse, en marge de ce séminaire, M. Said Djellab, membre du groupe de négociateurs algériens, a indiqué que dans le processus des négociations avec l'OMC il reste à répondre à 10 questions relatives à la transparence du commerce de l'Etat. Il n'y a pas de discrimination entre les produits des pays membres de l'OMC entrant en Algérie avec le produit national, ce qui est l'un des principes imposés par cette organisation. Parmi les concessions, il a cité la tarification douanière (réduction sur une marchandise ), le marché des services, les subventions qui s'inscrivent dans le cadre des accords bilatéraux. Il ajoutera que l'Algérie, qui a raté l'adhésion au GATT, est obligé de payer la facture des concessions en soulignant que la difficulté réside dans les négociations autours de celles-ci. Les Etats-Unis et l'Union européenne figurent parmi les 11 pays avec lesquels l'Algérie n'est toujours pas arrivée à des accords bilatéraux. Pour ce qui est des accords multilatéraux, il est question de la législation et de l'énergie. Sur ce dernier point, un membre du groupe de négociateurs nous a révélé qu'il n'y a pas une double tarification du gaz en Algérie et que cette question était appliquée dans la précédente période avant l'ouverture du marché. Il a également expliqué qu'il s'agit des concessions techniques et non de souveraineté, notant que l'Algérie n'est pas maître de son adhésion à l'OMC, évaluant le processus des négociations à 80%.