Qui pourra contraindre les pouvoirs publics à se serrer la ceinture et dépenser au compte-gouttes. Le débat sur la rigueur est loin d'être clos. Les dépenses publiques prévues dans le projet de loi de finances 2013 subiront certainement des coupes. Le gouvernement s'apprête à changer de cap en matière de politique budgétaire. Des mesures d'austérité sont d'ores et déjà prises, pour stopper la «dérive» budgétaire. Il semble que le gouvernement a opté pour ramener au strict minimum le nombre de certains projets pour l'exercice 2013 en vue de faire face à la chute des prix du baril. Ainsi, le plan d'austérité semble être engagé. Selon certaines sources, les domaines dont les walis sont autorisés à faire des propositions de projets seront également limités aux seuls secteurs de l'éducation, la santé et l'enseignement supérieur. En outre, on parle déjà d'un arrêt des recrutements dans la Fonction publique, le gel des subventions et les projets structurants déjà annoncés. Dans ce contexte, l'austérité sera sûrement consacrée dans le projet de loi de finances 2013. Après avoir dépensé sans compter depuis 2011, le gouvernement tente de préparer l'opinion publique au retour de l'austérité. Dans son dernier rapport sur les perspectives de l'économie mondiale datant d'avril dernier, le FMI a souligné les risques liés à la croissance accélérée des dépenses publiques dans les pays exportateurs de pétrole. Suivant cette logique, l'ouverture des vannes budgétaires, décidée dans l'urgence en automne 2011, ne sera plus tolérée. Mais une question se pose: qui pourra contraindre les pouvoirs publics à se serrer la ceinture et dépenser au compte-gouttes en pareille conjoncture politique hautement sensible sur le double plan local et régional? Cela est d'autant plus difficile que tous les indices socioéconomiques sont au rouge. Stopper la dérive budgétaire. Le récent rapport de la Banque d'Algérie souligne que «désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril». «La tendance baissière du prix du pétrole nous impose d'être prudents, mais nous ne devons pas perdre de vue deux éléments importants: nos dépenses effectives constatées en fin de l'exercice sont basées sur un baril à 75 dollars et nos capacités de financement, cumulées grâce au FRR, sont considérables», a expliqué le ministre des Finances. Le prix de 112 dollars cité par la Banque d'Algérie repose sur le niveau de dépense autorisé par la loi de finances complémentaire pour 2011. Karim Djoudi explique que les dépenses réelles enregistrées à la fin de l'année 2011 ont été sensiblement inférieures aux dépenses autorisées et prévues par la LFC 2011. Certains experts estiment que «le gouvernement exagère quand il affirme qu'un baril à 110 dollars ouvre la voie à une austérité». Pour ces derniers, «l'austérité peut être instaurée quand le prix du baril est en-dessous de 80 dollars». Par contre, d'autres experts estiment que les chiffres officiels «n'obéissent à aucune logique», car tout simplement le prix de référence du baril de pétrole est de 37 dollars et le prix réel sur le marché est entre 110 et 120 dollars. La différence est mise dans le Fonds de régulation des réserves (FRR) où le gouvernement puise pour équilibrer le budget et financer les dépenses publiques. On affiche 286 milliards (Mds) de dollars alors qu'on dépense à peine 90 Mds de dollars par an.