La baisse des prix du pétrole menace l'équilibre du budget de l'Etat. La Banque d'Algérie a émis hier une sévère mise en garde quant aux conséquences de la chute du baril de l'or noir. L'équilibre du budget de l'Etat requiert désormais un prix de pétrole supérieur à 110 dollars le baril, a indiqué hier un responsable de la Banque d'Algérie tout en alertant sur la dépendance accrue vis-à-vis des recettes énergétiques. Cette mise en garde est contenue d'ailleurs dans le rapport annuel 2011 sur les tendances financières et monétaires présenté hier à la presse. «Désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles, des hydrocarbures», précise-t-on dans le chapitre «Finances publiques». Dans le rapport sur l'évolution économique et monétaire en 2011, présenté par Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la banque, il a été mentionné que le prix moyen du baril de pétrole algérien (Sahara Blend) était de 112 dollars en 2011. Après être descendus à moins de 80 dollars le baril à Londres, les prix du brut ont rebondi de sept dollars vendredi, terminant la semaine à près de 85 dollars le baril à la faveur d'un accord surprise conclu en fin de semaine dernière lors du sommet européen de Bruxelles. Interrogé par des journalistes sur le sort des dépenses publiques au cas où le baril du pétrole chutait à un niveau similaire de celui de 2009 (autour de 60 dollars), M. Benbelkacem a répondu : «Dans ce cas, nous allons recourir au FRR (Fonds de régulation des ressources) qui couvrira, le cas échéant, dix ans de déficit budgétaire». A fin 2011, le solde du FRR, alimenté de l'écart entre la fiscalité pétrolière recouvrée et la fiscalité pétrolière budgétisée, était de 5381,7 milliards DA contre 4842,8 milliards DA à fin 2010, a rappelé M. Benbelkacem. Cette épargne représente 37,4% du PIB, 94,4% des recettes totales de l'Etat et 93,9% des dépenses publiques, selon le même rapport qui considère que «l'évolution de la structure des recettes budgétaires constitue un élément additionnel de vulnérabilité face à la nouvelle structure des dépenses budgétaires». Selon les statistiques de la BA, les recettes des hydrocarbures, en hausse de 37%, représentaient 27,7% du PIB en 2011 contre 24% en 2010, passant de 2905 milliards DA à 3979 milliards DA. La fiscalité pétrolière a atteint en 2011 deux fois et demi la fiscalité budgétisée à un prix de référence de 37 dollars le baril de pétrole, contre 1,9 fois en 2010. Les précisions apportées hier par la Banque d'Algérie confirment que le pays n'est pas à l'abri de la crise mondiale qui a touché particulièrement l'Union européenne et les Etats-Unis d'Amérique. Le président du Conseil national économique et social (Cnes), Mohamed Séghir Babès, a alerté récemment lors d'une rencontre à Alger sur les effets de la conjoncture mondiale sur l'Algérie. Selon des sources citées par la presse, le gouvernement réfléchit d'ores et déjà une politique d'austérité à l'instar des pays européens qui ont décidé de réduire le déficit public de manière à payer leurs dettes.