La présidente de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications clarifie les choses tout en mettant les points sur les «i». La détermination du seuil de dominance du marché de la téléphonie mobile en Algérie incombe légalement à l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt). C'est ce que vient de préciser la présidente de l'Autorité, Mme Zohra Derdouri. «C'est à l'Arpt que revient la prérogative de fixer le seuil des parts de marché à partir duquel l'abus de dominance est constitué», a précisé la même responsable en réaction à de récents écrits sur la sensible question de la régulation du marché de la téléphonie mobile. Pour rappel, c'est dans une interview accordée le 21 juillet dernier à l'APS (Algérie presse service) que le P-DG de l'opérateur historique Mobilis, M.Saâd Damma, avait appelé l'Arpt d'intervenir pour équilibrer le marché et empêcher la dominance d'un opérateur (OTA-Djezzy, sans le citer). Un appel qu'aura vite soutenu le troisième opérateur (WTA-Nedjma) qui avait sollicité, rappelle-t-on, l'adoption par l'Arpt de «mesures réglementaires» destinées à assurer le rééquilibrage du marché de la téléphonie mobile, afin de «garantir les conditions d'une concurrence loyale et empêcher tout abus de position dominante». Mobilis est revenu à la charge pour se dissocier et se démarquer de l'opérateur à la bannière étoilée Nedjma, sans le citer, et qu'il a accusé de tenter de «créer la polémique et l'amalgame». «Il est évident qu'aucun opérateur ne peut avoir une réelle assise sur le marché sans consentir de réels et importants investissements sur le plan technique pour desservir tous les abonnés y compris ceux se trouvant dans des zones à faible rentabilité», a-t-il ajouté, estimant qu' «une concurrence loyale doit donc être assurée pour préserver le patrimoine des opérateurs». C'est dans ce contexte que Mme Derdouri a tenu à rappeler que la mission de l'Arpt consistait à veiller aux conditions d'une concurrence loyale entre les opérateurs. Cette mission, a-t-elle précisé, «n'est pas d'empêcher la dominance, ce qui reviendrait à nier la compétition, mais à réprimer la pratique prohibée de l'abus de dominance». Elle a affirmé, à ce propos, que l'Arpt veille notamment à ce qu'aucun produit commercialisé ne puisse déstabiliser le marché. Ainsi, tout produit mis sur le marché est préalablement étudié par les services de l'Arpt qui procèdent à des tests et des simulations pour voir si les tarifs proposés peuvent faire du tort ou non aux autres opérateurs. Evoquant le «rééquilibrage» du marché de la téléphonie mobile, Mme Derdouri a estimé que ce terme avait été utilisé «à tort», puisque, a-t-elle dit, l'évolution des parts de marché des opérateurs dépend en premier lieu de «l'élévation qu'imprime chacun d'eux à la qualité de service procurée à ses clients, du niveau d'investissement qu'il consent, des innovations de son marketing et de la satisfaction des attentes des usagers en matière de prix et de variétés de son offre». S'agissant des chiffres et des statistiques, elle a indiqué que «seule l'Autorité dispose de données officielles relatives au secteur, qui sont consolidées en fin d'année sur la base d'audit de validation auprès des opérateurs». «Ce sont les seules données de l'Arpt, par conséquent, qui doivent être prises en considération pour toute analyse du marché», a-t-elle insisté. Le marché de la téléphonie mobile en Algérie est partagé entre trois opérateurs: Djezzy (OTA, privé) qui comptait, en 2011, plus de 16 millions d'abonnés, Mobilis (ATM, public) près de 11 millions d'abonnés et Nedjma (WTA, privé) près de 9 millions. La régulation des offres promotionnelles dans le domaine de la téléphonie mobile a permis de mettre un terme à «l'anarchie» que connaissait le marché et de ramener ces offres de 99 en 2008 à 27 en 2011, a indiqué par ailleurs la présidente de l'Autorité de régulation. «Vu l'anarchie qui caractérisait ce type d'offres par le passé et après concertation avec les opérateurs (de la téléphonie mobile), l'Arpt a pris la décision de réguler ces offres promotionnelles, tout en tenant compte de la position de chaque opérateur sur le marché, en fixant des règles d'application», a précisé Mme Derdouri. Elle a relevé qu'en termes de jours de promotion, le nombre a été réduit de 5154 jours en 2008 à 519 jours en 2011, soit une diminution de 89,9%, ce qui a permis, a-t-elle expliqué, de «restituer à l'offre promotionnelle le caractère exceptionnel qui doit être le sien».