«Il s'agit d'une violation flagrante de la loi.» Dans une lettre adressée respectivement à la ministre de la Culture et de l'Information, Mme Khalida Toumi, et au directeur général de la Télévision nationale, Hamraoui Habib Chawki, le porte-parole du FLN, Abdeslam Medjahed, a dénoncé la médiatisation des activités du mouvement de redressement par l'Entv. «La Télévision nationale assure une couverture médiatique aux activités d'un groupe de personnes qui font l'objet d'une plainte déposée contre eux par la direction politique du parti devant les juridictions pour usurpation de qualité», a-t-il écrit dans sa lettre relevant «le fait pour la Télévision nationale de diffuser les activités et déclarations de ce mouvement illégal constitue une violation de la loi et une atteinte aux règles de l'éthique régissant la profession journalistique». M.Medjahed a reproché gravement dans sa lettre à l'Entv d'avoir présenté les agissements de ces personnes comme émanant du parti du FLN en affichant à l'écran le sigle du parti. «Il s'agit d'une violation flagrante de la loi et notamment de l'article 9 de l'ordonnance 97-09 portant loi organique relative aux partis politiques distinctifs appartenant à un parti ou une organisation préexistant (...)», a ajouté le porte-parole du FLN dans la même lettre avant de s'adresser à la ministre de la Culture et au directeur général de l'Entv: «Je vous adresse cette protestation et dénonce ces dérives en espérant que vous prendrez les mesures nécessaires pour mettre un terme permettant ainsi à la Télévision nationale d'inscrire son action dans le cadre de la légalité.» L'Entv a largement médiatisé les sorties d'Abdelaziz Belkhadem, coordonnateur du mouvement de redressement du FLN, lors des meetings populaires qu'il organise dans les différentes wilayas du pays. Boudés par la majeure partie de la presse écrite indépendante, les redresseurs comblent ce vide médiatique par un usage «excessif» d'un média lourd national, malgré le caractère illégal du mouvement. «Il y a d'autres associations illégales qui passent sur les écrans de l'Entv», avait répondu la ministre de la Culture et de l'Information à la question d'un confrère. Mme Toumi s'est même questionnée sur les raisons de cet «acharnement autre le mouvement si ce n'est une campagne contre le président de la République». A la question d'un député du mouvement El-Islah sur le rôle de la télévision en tant que service public, la ministre a répliqué sans ambages que «la télévision nationale assure son travail de service public». Si la bataille médiatique est gagnée par la direction légaliste au niveau de la presse écrite, en revanche, la télévision reste hermétique aux activités de Benflis. Aucun mot n'a été soufflé par l'Entv sur la rencontre organisée par le secrétaire général du FLN à Staouéli le week-end dernier. L'Entv a braqué ses caméras sur le meeting organisé par Belkhadem à Annaba. Le choix de cette wilaya par le coordinateur du mouvement de redressement n'est pas gratuit. La guerre entre les redresseurs et les légalistes du FLN semble orchestrer l'essentiel de ses batailles à l'Est du pays, le chef de l'Etat a fait environ une dizaine de visites dans ces régions. Mais, il semble que le gisement électoral est loin d'être acquis au cercle présidentiel. Dans un long communiqué qui nous a été transmis hier, les membres du comité central résidents à Souk Ahras, les membres des mouhafadhas et kasmas, les élus APW et APC de cette wilaya ont renouvelé leur soutien indéfectible à la direction du parti issue du 8e congrès. Le document signé par Sadek Bouguetaya membre du comité central, a dénoncé «l'impartialité de l'administration et le comportement du wali qui n'hésite pas à mettre tous les moyens au service du mouvement de redressement, transformant, de ce fait, le chef-lieu de wilaya en un centre de commandement de ce mouvement». Le même communiqué a inscrit les visites successives des ministre des Postes et Télécommunications, le 13 novembre, et celui du Tourisme, le 11 novembre, dans la cadre des activités du mouvement de Belkhadem avec les moyens de l'Etat. «C'est une autre preuve de l'impartialité de l'administration et d'une mobilisation des ministres de la République pour semer la discorde». En outre, le même document a mis en garde contre les pressions et chantages exercés sur les élus du parti pour rejoindre le mouvement de redressement. Une information confirmée hier par Abdelkader Saâdi, membre du bureau politique, en affirmant que «dans certaines wilayas, les élus du FLN sont convoqués un par un par les walis, les Drag et même les chefs de daïra pour signer des engagements de soutien au président candidat». La lutte va crescendo à quelques mois de la campagne électorale.